TRIBUNE PRISONGATE : La démission s’impose politiquement à Constant Mutamba (Tribune) 

PRISONGATE : La démission s’impose politiquement à Constant Mutamba (Tribune) 

L’Assemblée nationale a reçu deux réquisitoires du procureur général près la Cour de Cassation demandant des autorisations de poursuites contre Constant Mutamba, ministre de la Justice, pour plusieurs faits infractionels. S’il a le sens politique et de l’honneur, ce dernier est appelé à présenter sa démission – si la chef du gouvernement ne la demande pas. Car comment pourra-t-il, d’une part, continuer à rester au gouvernement sous l’autorité de la première ministre qu’il a défiée et avec laquelle les rapports sont très mauvais ? D’autre part, dans quel état d’esprit pourra-t-il se présenter au bureau du procureur général qu’il a aussi publiquement et scandaleusement défié, et après qu’il ait tenté, sans succès, de le…supplier, par le canal du fils de ce dernier, d’abandonner – aveu de culpabilité ? – son initiative de saisir l’Assemblée nationale ?

Condamnable pression sur magistrat. Comment peut-il par ailleurs imaginer rester dans ses fonctions après le premier vote de celle-ci ayant autorisé les poursuites judiciaires à son encontre sur le dossier de construction d’une prison à Kisangani ? Vote qui lui a enlevé tout crédit auprès de l’opinion nationale et internationale, des indices “sérieux” de culpabilité ayant été constatés par la représentation nationale. Le procureur général obtiendra certainement une deuxième autorisation de poursuites pour le second dossier d’outrage à une autorité judiciaire.

Constant Mutamba, très infatué de son être – jadis fervent kabiliste (il suggéra qu’on fit entrer Joseph Kabila dans le panthéon politique congolais pour ses “exceptions qualités politiques”) et opposant à Félix Tshisekedi, ayant la langue bien pendue, n’avait pas mis les gants pour dire à la journaliste Paulette Kimuntu lors d’une interview que ce dernier “n’avait pas son niveau intellectuel” – a fanfaronné avoir les mains propres, être le redresseur de torts, l’incarnation de la vertu, de la rigueur gestionnaire dans un Congo souillé par l’incurie, par une corruption endémique, par d’incessants et monstrueux détournements des deniers publics, par une impunité institutionnalisée.

Lui qui s’est présenté aux Congolais – devenu ministre et enthousiaste administrateur de…Félix Tshisekedi – en modèle d’une jeunesse politique qui est (enfin) venue remettre la République sur les rails. Mais le fort fracas de la déception qui a retenti dans les oreilles des Congolais à la suite de ce qu’on peut bien appeler “Prisongate” rend désormais inaudibles les sermons moralisateurs du trentenaire et malavisé ministre de la Justice et sans crédibilité ses injonctions aux magistrats. La démission, on le sait – malheureusement -, n’est pas dans la culture congolaise. Mais elle s’impose (politiquement) à Constant Mutamba..

Wina LOKONDO