Tony Kanku Shiku n’était pas connu du grand public six mois avant les élections générales de décembre 2023. Ce discret homme d’affaires de 50 ans, cousin du chef de l’Etat dont il est le haut représentant, est pourtant devenue la révélation des dernières législatives. Avec 42 députés nationaux, sa plateforme PEP-AAAP – plateforme électorale et politique – Alliance des acteurs attachés au peuple (AAAP) – est la deuxième force de la majorité au pouvoir, juste derrière l’UDPS/T. Du coup, c’est son initiateur et autorité morale qui a pris du galon, avec toute la légitimité voulue, parmi les grands leaders du gotha politique congolais.
Sa fonction l’aurait volontiers contraint à un certain devoir de réserve. Mais Tony Kanku a décidé de descendre dans l’arène, de mouiller le maillot pour contribuer à la victoire du président Félix Tshisekedi, et de participer à la constitution de la majorité parlementaire pour soutenir le chef de l’Etat. Pour un premier coup, cela a été un coup de maître : le succès a été au rendez-vous, catapultant Tony Kanku Shiku parmi les grands leaders politiques du pays.
‘‘Le Bulldozer’’
Lors de la formation du gouvernement Suminwa, la PEP-AAAP a été récompensée avec trois postes ministériels : le vice-Premier ministre et ministre de l’Economie Mukoko Samba, le ministre de l’Industrie et développement des PME Louis Kabamba Watum, et le ministre du Tourisme Didier M’Pambia Musanga. La moisson ministérielle n’a pas été conforme à la représentative de la plateforme qui pèse près de 10% de la majorité de l’Union sacrée de la nation. Cependant, Tony Kanku et les siens n’en font pas un problème. «Nous sommes satisfaits du quota qui nous a été réservée au sein de l’exécutif. Le plus important, c’est de montrer ce que nous sommes capables de faire pour le pays, et non ce que le pays peut nous confier en termes de responsabilités au gouvernement», nous confie un membre du présidium de la plateforme.
Déjà surnommé ‘‘le bulldozer’’ par des Kinois, Tony Kanku Shiku doit relever un autre défi : se faire mieux connaître de la grande masse des congolais, surtout ceux du pays profond. L’homme en a les atouts : une carrure d’homme d’Etat, une perspicacité intellectuelle qui force l’estime, un idéal tshisekediste ancré, et une détermination tout azimut. Il lui reste à élaborer un plan de travail pour atteindre cet objectif, et de s’entourer de collaborateurs férus de la communication politique.
Belhar MBUYI