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Miss Univers RDC, Ilda Amani victime du délit de faciès. Le chef de l’Etat appelé à déraciner le grain de la haine semé sous Mobutu et Kabila

Mlle Ilda Amani, Miss Univers RDC 2024Photo : Droits tiers

A l’issue d’une soirée mémorable au salon Congo du Grand Hôtel Kinshasa, c’est mademoiselle Ilda Amani qui a été élue Miss Univers RDC 2024. C’est elle qui ira représenter le pays en novembre au concours Miss Univers qui sera organisée le 16 novembre 2024 à l’Arena Ciudad de Mexico, au Mexique. Mais si nombre d’observateurs avaient espéré que le doux patronyme, Amani – paix en Swahili –, que porte cette originaire du Sud Kivu, l’une des provinces en proie à l’insécurité, pouvait être un bon présage pour un avenir pacifié dans l’est du pays, c’est une volée de propos racistes et de discours de rejets contre elle qui fuse dans l’opinion. En réalité, il ne s’agit pas d’un fait isolé, mais d’une mentalité nocive solidement ancrée dans le mental collectif d’une partie des Congolais, et qu’il importe de déraciner de la société si l’on veut bâtir une nation.

En effet, l’heureuse élue est accusée d’être rwandaise à cause, selon les dires et écrits de ses pourfendeurs, de sa morphologie. On peut déjà se demander ce que veut dire morphologie rwandaise ! En 2024 donc, dans ce pays sans repères, on n’en est à considérer que la nationalité congolaise était basée sur les phénotypes ! Illustration grandeur nature de cette stupidité, ce post de la Télévision Molière de l’ancien député Léon Nembalemba, sur sa page Facebook :  «Originaire de l’est de la RDC, Ilda Amani est la nouvelle Miss Univers RDC». Suivi de cette question en Lingala, avec des forts accents de désolation : «Pourquoi beaucoup de gens de l’Ets ont les traits des Rwandais ? Ah, ce pays vraiment !».

Ilda Amani, dans un bateau sur le lac Kivu, avec le drapeau de son pays, la RDC, qu’elle ira défendre en novembre à MexicoPhoto : Droits tiers

Sur les réseaux sociaux, le délire haineux monte d’un cran. Le nommé Horlin Adji Mwambusa, ressortissant du Maniema qui travaille à la Fondation Matata Ponyo, écrit ainsi : «On dirait une rwandaise». Grâce Sumaili, une maquilleuse de Kinshasa originaire également du Maniema, renchérit : «Vous êtes sûr que c’est congolaise ???» De son côté, Hugues Diuka, immigré congolais vivant à Valence en France – le fait de vivre dans un pays ouvert n’empêche pas certains de demeurer bornés – écrit : «Vraiment ce pays me désole vraiment. Vous laissez une rwandaise vous représenter. C’est une rwandaise 100 pour 100». De même, Espoir Ngoto, habitant de Kinshasa, ancien de l’Académie des beaux arts, commente : «c’est une rwandaise».

Intégrité du patrimoine humain

On peut se demander comment tout ce beau monde parvient à déterminer la nationalité d’une personne, rien qu’en regardant sur une photo ! C’est cela la conséquence d’un matraquage haineux de plusieurs décennies contre la population congolaise de langue kinyarwanda, les Tutsi en particulier. Le comble dans cette affaire est que c’est l’Etat lui-même qui a lancé cette campagne. Certes, le Kivu avait ses conflits identitaires, opposant ceux qui se considèrent comme autochtones à ceux qu’ils traient d’étrangers. Ce genre de conflits, on les retrouve dans l’histoire de la RDC depuis des décennies : Bamongo contre Bangala en 1960, Baluba de Kananga contre ceux de Mbuji-Mayi au Kasaï à la veille de l’indépendance, Katangais du Sud sous bannière Conakat de Moïse Tshombe contre ceux du Nord sous drapeau Baluba-Kat de Jason Sendwe en 1960. Même aujourd’hui, le Congo enregistre de tels soubresauts qui font de nombreux morts, notamment la rébellion des Mombondo, consécutive au conflit Bayake contre Bateke au Maï-Ndombe jusqu’aux portes de Kinshasa, ou encore la guerre tribale entre Balengola et Bambole à Kisangani.  

Dans tous ces cas, il appartient à l’Etat de déployer un trésor d’efforts pour mettre fin au conflit, réconcilier les parties et restaurer la coexistence pacifique. Mais dans le cas du Kivu, c’est l’Etat lui-même qui a fait le choix d’ostraciser une partie de sa propre population, de semer la haine contre elle et de la livrer à la vindicte des autres citoyens. Une première dans le monde ! En effet, en 1995, le Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT), donc la deuxième institution de l’Etat, a adopté, dans un effrayant élan de désertion de la réflexion, les résolutions d’une commission parlementaire – dite commission Vangu, du nom de son président, le député mobutiste Vangu Mambweni ma Busana – qui, pourtant, n’avait pour mission que d’informer le parlement sur la situation qui prévalait dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu après l’arrivée massive des réfugiés rwandais en 1994.

Cette commission va déborder de sa mission, et décréter que les Congolais de langue Kinyarwanda du Nord Kivu et du Sud Kivu, c’est-à-dire les Hutu et Tutsi, n’étaient pas congolais, mais rwandais, et qu’il fallait dès lors les expulser du territoire national au même titre que les réfugiés rwandais de 1994 ayant fui l’avancée du FPR. Ces absurdités sont votées avec passion par des députés que l’on croirait amputés, pendant un moment, de leur capacité de réflexion. C’est donc toute une partie de l’héritage historique du pays que Vangu et sa légion d’analphabètes politiques proposent de jeter hors du pays. Au nom de l’intégrité territoriale du pays, Vangu et compagnie veulent bien garder au sein du Zaïre toutes ces localités aux noms Kinyarwanda comme Rutshuru, Rugari, Rubare, Rutoke, Rugezi, Rumangabo, Kirumba, Gisigari, Tchengerero, Kirambo, Katagara, Kashari, etc, mais veulent en expulser leurs habitants qui portent les mêmes noms, oubliant qu’intégrité territoriale rime – forcément ! – avec intégrité du patrimoine humain tel qu’hérité de la colonisation.

M. Vangu Mambweni ma Busana, rapporteur adjoint du HCR-PT, et président de la commission d’information sur le KivuPhoto : Droits tiers

Pourtant, ce ne sont pas les éclairages qui ont manqué pendant la mission de la commission Vangu. A la page 65 de son rapport, il est fait mention de l’entretien avec celui qui était chef de groupement de Jomba – un des sept groupements de Rutshuru dont fait partie, notamment, la célèbre ville de Bunagana – M. Segihobe. «Jomba, quoi que faisant frontière avec l’Ouganda, faisait partie intégrante du royaume du Rwanda avant le tracé des frontières en 1910. Il est habité par des Hutu et des Tutsi, tous originaires de Jomba», déclara-t-il aux membres de la commission.

Mais rien n’y fit. Pour commencer, le Parlement donna lui-même l’exemple : les députés Mutiri (Hutu de Rutshuru, Nord Kivu) et Cyprien Rwakabuba (Tutsi de Rutshuru, Nord Kivu), furent invalidés et exclus du HCR-PT. Dans ce climat d’effervescence où des cerveaux ne peuvent réfléchir, il n’y a personne pour appeler à la responsabilité, à part une exception : le député Rémy Kalegamire. Mais, dans un mouvement de démence collective, il fut traité de rwandais lui-aussi, et exclu à son tour du Parlement. Rémy Kalegamire n’était ni Tutsi ni Hutu, mais était plutôt d’ethnie Havu du territoire d’Idwji au Sud Kivu, comme les pères de l’indépendance Anicet Kashamura – ministre de l’Information du gouvernement Lumumba en 1960 – et Jean Chysostome Weregemere – ministre de l’Agriculture du gouvernement Adoula en 1962. Kalegamire était Havu d’Idwji, comme mademoiselle Ilda Amani, Miss Univers RDC 2024 …

Sorti de nulle part

Garant de la nation et protecteur constitutionnel de tous, Mobutu resta de marbre devant la souffrance d’une partie de son peuple. Il ne s’inquiéta même pas que M. Rwakabuba soit exclu du Parlement et traité de rwandais. Rwakabuba dont le nom est pourtant intimement lié à l’histoire du Kivu depuis l’indépendance : self made man issu d’une modeste famille des Tutsi originaire du village de Ntamugenga en groupement de Bweza, territoire de Rutshuru, province du Nord Kivu, devenu un prospère homme d’affaires, possédant belles résidences, plantations et usine de café dans son village et dans son territoire. Rwakabuba qui fut député de Rutshuru à l’issue des élections législatives de mai 1960 et ministre de l’Education du Kivu lors de l’accession du Congo à l’indépendance – pendant que Vangu Mambweni jouait encore en culotte courte – avant d’être élu sénateur du Kivu central en 1965, commissaire politique élu du Grand Kivu tout entier en 1977, et président de la commission permanente de discipline du tout nouveau Comité central du MPR-Parti Etat en 1980, et dont le premier dossier fut le jugement des treize parlementaires frondeurs, futurs fondateurs de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS… Voilà l’homme que Vangu Mabweni, sorti de nulle part, s’en vient traiter de rwandais !

Le parti d’Etienne Tshisekedi eut le courage de dénoncer ce délire. Autant que les évêques de la province ecclésiastique du Kivu qui, dans une déclaration signée de ses quatre pères de l’Eglise – Nos seigneurs Christophe Munzihirwa, archevêque de Bukavu, Emmanuel Kataliko, évêque de Beni-Butembo, Faustin Ngabo, evêque de Goma, et Jérôme Gapangwa, évêque d’Uvira – dénoncèrent ‘‘le tribalisme et l’intolérance’’ dont ces résolutions étaient empreintes. Mais cela n’eut aucune conséquence : le gouvernement zaïrois décida d’appliquer les résolutions grandiloquentes de la Commission Vangu.

C’est dans ce cadre que le commissaire de zone d’Uvira, Shweka Mutabazi, initia l’inventaire des parcelles des Banyamulenge afin de les confisquer, pendant que le vice-gouverneur du Sud Kivu Lwabanji Lwasi Ngabo, faisant l’intérim de son titulaire, donna un ultimatum aux mêmes Banyamulenge de quitter le territoire national endéans une semaine. Tout ceci se passe pendant que le Kivu brûle avec des affrontements ethniques causées par plusieurs milices qui écument la région, et que les Interahmwe et les anciennes forces armées rwandaises font la pluie et le beau temps dans leur chasse aux congolais Tutsi, contraints, pour avoir la vie sauve, de se réfugier au Rwanda voisin. Les conditions étaient réunies pour le déclenchement de la guerre de l’AFDL. 

Le venin de la haine

Une année et trois mois après l’installation de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir, il se brouille avec ses anciens alliés et une nouvelle guerre éclate. Le nouveau président va ethniciser le conflit afin de mobiliser la population. Il reprend, en le sublimant, le discours mobutiste propagé par Vangu, qu’il nomme d’ailleurs commissaire adjoint d’une structure gouvernementale – le commissariat général en charge de la mission onusienne. La haine anti-Tutsi passe à une vitesse supérieure. Le directeur de cabinet de Laurent-Désiré Kabila, M. Abdoulaye Tidiane Dioh Yerodia Ndombasi Tumba Nvuemba dia Bingolo Fula Bingoto, les traita de «vermine et microbes à éradiquer avec méthodes et détermination». Même le Goebbels des années de gloire de l’Allemagne nazie n’est pas arrivé à ce niveau rhétorique extrême. De nombreux Tutsi furent brûlées vives dans les rues de Kinshasa et de plusieurs villes des provinces.

Pourtant, la guerre du MLC ne fut pas ethnicisée dans l’objectif de jeter tous les Ngbaka – ethnie de Jean Pierre Bemba – dans la tourmente. Encore une fois, l’UDPS fit preuve de courage en dénonçant cette dérive raciste. Le parti d’Etienne Tshisekedi noua même en 2002 une alliance avec la rébellion du RCD soutenue par le Rwanda. Le ‘‘Lider Maximo’’, comme on l’appelait, se rendit même à Goma, ainsi qu’à Kigali rencontrer le parrain des rebelles, Paul Kagame.

Mais le discours de haine a été récupéré et amplifié avec une rare efficacité par un gourou de la haine, un ancien sécurocrate du pouvoir de Mobutu, Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, qui fulmine de rage contre ceux qui ont renversé le régime dont il était l’un des hommes forts, le contraignant aux rudesses de l’exil. Sur les réseaux sociaux qu’il manie avec efficacité – mêlant volontiers mensonges et ignorance –, il dénie aux Tutsi leur nationalité congolaise, et les traite – carrément ! – de serpents. Il introduit dans le champ lexical politique le terme ‘‘infiltré’’, pour désigner les Tutsi qui sont ainsi présentés comme s’étant frauduleusement introduit dans les institutions politiques ou sécuritaires du pays afin de les affaiblir de l’intérieur au bénéfice du Rwanda. Aussi démentielles qu’elles soient, ces stupidités sont gobées par des larges parties du peuple congolais, y compris par des élites du pays, voire jusqu’au sommet de l’Etat. Dans la diaspora congolaise, Ngbanda fait des émules qui continuent son œuvre, semant le venin de la haine en toute impunité : Kwebe Kimpele, Boketshu, Christian Bola, Kerwin Mayizo, Patrick Mbeko, jusqu’au camerounais Charles Onana.

‘‘Créatures du Diable’’

Entre temps, l’UDPS a accédé, enfin, au pouvoir en 2019. Mais le discours de haine est toujours présent dans l’opinion. Des fortes clameurs populaires exigent de ministres Désiré Mzinga Birihanze (Agriculture, Hutu de Rutshuru), Alexis Gisaro (Infrastructures, Munyamulenge d’uvira), ou encore Kabanda (Défense, Mushi de Walungu) de justifier leur nationalité congolaise au regard de leur morphologie ! Mais les conséquences peuvent en être tragiques : le jeudi 9 décembre 2021, avant même la reprise de la guerre, un officier des FARDC, le major Joseph Kaminzobe, est tiré du véhicule dans lequel il avait pris place avec ses collègues pour accompagner un supérieur malade à l’hôpital. Il est tué par une population déchaînée à Lweba, en territoire de Fizi, son corps mutilé, brûlé puis mangé devant les objectifs des caméras de téléphones Android. Son seul tort ? Etre né Munyamulenge ! Le gouvernement condamna, mais s’arrêta là. Aucune poursuite, alors que les visages de ses assassins étaient bien visibles dans les vidéos partagées sur les réseaux sociaux.

Le nouveau pouvoir incarné par Félix Tshisekedi, essaie tout de même de régler la question du M23, vaincu en 2013 grâce à l’intervention d’une brigade spéciale de la Monusco composée de soldats tanzaniens, sud-africains et malawites. Le ministre de l’Intérieur, Gilbert Kankonde, fait venir à Kinshasa une délégation du M23 dont des milliers de soldats ont fui leur camp de regroupement en Ouganda et campent dans la forêt de Sarambwe, en groupement de Jomba, territoire de Rutshuru, à la frontière avec l’Ouganda. Après plus d’une année, les tractations tournent court, et la guerre reprend. Encore une fois, le mouvement rebelle est soutenu par le Rwanda.

Très vite, les chantres du discours de haine reprennent l’initiative. Attaquant de pointe dans cette croisade, Justin Bitakwira Bihona Hayi, ancien ministre et député, traite les Tutsi de «créatures du Diable», tandis que Mokia appelle à exterminer à Minembwe tout celui qui a «le visage de Banyamulenge». Le Congo replonge dans le discours de haine plus qu’avant. Comme toujours, ce discours a comme cible principal les Tutsi et tous ceux qui peuvent leur être assimilés, notamment des ressortissants de l’Est ayant la même morphologie comme les Bashi ou les Bahavu, ou encore les Hema de l’Ituri, victimes d’horribles massacres de la part des miliciens Lendu de la CODECO depuis plusieurs années.

Haïr les Tutsi, voire les tuer, devient un acte patriotique salué par beaucoup. Célèbre membre de la jeunesse de l’UDPS de Kinshasa, Jules Mbuyamba alias Munyere, publie des vidéos dans lesquelles il indique les adresses de personnalités Tutsi de la capitale et appelle la population à aller les tuer, précisant au passage qu’ils sont reconnaissables à leur nez pointu. Des jeunes éleveurs Banyamulenge, partis vendre leurs vaches à Kalima au Maniema, sont tués, leurs dépouilles déchiquetées, brulées et mangées par des riverains. La scène est également filmée et partagée sur les réseaux sociaux. Le pays est retourné aux heures tragiques de la sauvagerie humaine. Dans les deux cas, il n’y a eu aucune poursuite judiciaire.

Une conscience nationale supérieure

Malgré tout, il y a quand-même des Congolais qui ont le courage de dénoncer cet état de choses. Et d’apporter leur soutien à Mlle Ilda Amani. «Quelques heures après sa victoire de #MissUniverse Congo, Ilda Amani victime de délit de faciès. Selon plusieurs commentaires en ligne et des pages en lingala : elle est trop belle pour être Congolaise. Elle subit une vague de rejet de sa nationalité Congolaise, simplement à cause de son faciès et pire, parce qu’elle vient de l’est du Congo.

C’est malheureusement ça aussi la réalité du Congo : Venir de l’est et oser être BELLE, Riche ou simplement intelligent… on a une énorme chance d’être taxé de Rwandais…», écrit Rodriguez Katsuva, journaliste et cofondateur Congo Check, sur sa page Facebook. «Les commentaires sous ce post sont odieux. Les gens savent-il à quel point c’est blessant de se voir dénier sa nationalité à cause de son faciès ?? Félicitations Ilda. Gagnes pour nous», renchérit Raphaël Kitenge qui se définit comme un esprit libre anticonformiste.

Mais c’est Lino Kongolo qui pose la question qui fâche : «si notre Miss trouve encore des défenseurs, c’est sans doute parce qu’il y’en a quelques-uns qui peuvent dire qu’elle n’est pas, en réalité, coupable d’être Tutsi. Supposons qu’elle était réellement Tutsi, aurait-elle ces quelques soutiens ?»

Tout bien considéré, c’est l’Etat qui a semé ce grain de la haine avec le rapport Vangu. Et c’est à l’Etat qu’il revient de le déterrer. Ce n’est pas Félix Tshisekedi qui est responsable de ce drame, mais ses prédécesseurs. Cependant, par respect du principe de la continuité de l’Etat, il appartient au président de la République actuel d’aborder cette question dans une adresse à son peuple, dans laquelle il dénoncera officiellement ce qui avait été fait par le HCR-PT et le gouvernement Kengo et ses relais en province en 1995 ; réaffirmera la nationalité congolaise inaliénable des populations de langue Kinyarwanda Hutu et Tutsi du Kivu ; éduquera le peuple sur le principe de nation qui veut que la citoyenneté ne peut être fondée sur les phénotypes, la couleur de la peau, l’origine ethnique, et encore moins les patronymes. Le chef de l’Etat devrait, enfin, s’engager à sévir vigoureusement contre tous ceux qui tiendraient encore des discours de haine et de division.

Le numéro un congolais devrait, par la même occasion, instruire le ministre de l’EPST pour que dans le contenu des cours d’histoire, il soit ajouté quelques royaumes des grands lacs, dont notamment le Bushi, le Rwanda en insistant sur le fait que des parties de ce royaume ont été intégrées avec leurs populations au Congo lors de la colonisation ; ainsi que le Kitara-Bunyoro, d’où sont partis de nombreux peuples qui ont formé plusieurs royaumes dans cette région, tels que le Bushi, Buhavu, Rwanda, Burundi, Unyamwezi, Ankole, Karagwe, Buhunde etc. Cela permettra sans doute aux enfants de se mettre, dès l’école primaire, au diapason d’une conscience nationale supérieure, digne d’un grand peuple. “Au demeurant, il est inadmissible que la RDC puisse vivre un tel climat de haine contre une de ses communautés pendant le règne du parti d’Etienne Tshisekedi”, soupire un journaliste de Kinshasa.

Belhar MBUYI