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Mobilisation des recettes : Barnabé Muakadi, la perle rare du fisc congolais, toujours en pointe

M. Barnabé Muakadi Muamba, dans son cabinet de travail.Photo : Droits tiers

Il est loin l’époque où la DGDA, Direction générales des douanes et accises, trônait au panthéon de la première pourvoyeuse des recettes de l’Etat en RDC. Sous le régime du maréchal Mobutu, il y eut ainsi Alexis Thambwe Mwamba, qui, de part sa mobilisation record des recettes, fut le symbole de cette prépondérance de l’alors OFIDA (Office des douanes et accises). Il y eut, ensuite, sous le règne de Joseph Kabila, l’image d’un Déo Rugwiza Magera, homme aussi efficace qu’intègre, pour personnifier cette suprématie de la DGDA. Sous la présidence de Félix Tshisekedi, les choses se sont inversées : il faut désormais compter avec la Direction générales des impôts, DGI, qui a détrôné la DGDA de son piédestal et s’est assis dedans. Une personne incarne à lui tout seul cette performance de la DGI : Barnabé Muakadi Muamba.

Cet homme, ancien chef de bureau de la DGI jusqu’au moment de sa nomination au poste de Directeur général en juin 2020, aux compétences éprouvées et à la rectitude morale à toute épreuve, a réussi à placer la DGI loin au sommet de toutes les régies financières du pays en matière de mobilisation des recettes de l’Etat. L’année 2024 n’a pas dérogé à la règle : dans un communiqué officiel datée du 31 décembre 2024 dont notre rédaction a reçu copie, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, renseigne que les recettes intérieures réalisées au cours de la période du 1er janvier au 31 décembre 2024 s’élèvent de manière provisoire à 25.188,6 milliards de CDF.

Le document, signé par le directeur de cabinet du ministre des Finances, M. Alain Malata Kafunda, indique que «ces recettes représentent un réalisation de 103,2% par rapport aux prévisions budgétaires annuelles qui se chiffraient à 24.407 milliards de CDF». De sorte que, «comparées à celles de l’année 2023 dont les recettes réalisées se situaient à 19.818,1 milliards de CDF pour les assignations budgétaires de 22.486,4 milliards de CDF (soit un taux de réalisation de 88%), il se dégage entre les deux exercices, une augmentation de 27% en CDF et de 19% en USD».

Par régie financière, avec 15.113 milliards CDF, soit 108% par rapport aux prévisions de 14.016 milliards CDF, la DGI l’emporte de loin aussi bien par le taux de réalisation que par le volume des recettes, trônant plus que jamais à la tête des régies financières congolaises. Elle est suivie par la DGDA qui fait le tiers de la DGI, avec 5.755 milliards CDF, soit 94% par rapport aux prévisions de 6.126 milliards CDF. En troisième position arrive, enfin, la DGRAD, Direction générale des recettes administratives, judiciaires, dominiales et de participations, qui réalise 4.319 milliards CDF, soit 101% par rapport aux prévisions de 4.264 milliards CDF.  

Trophée de meilleur mandataire public

Pourtant rien n’était simple au départ. Lorsque Barnabé Muakadi est nommé DG de la DGI en juin 2020, nombreux étaient ses adversaires qui le raillaient au motif qu’il n’avait été jusque-là qu’un chef de bureau dans l’administration fiscale congolaise. Cet homme, également pasteur responsable de l’église La main de l’Eternel, et qui totalise alors 27 ans de carrière dans la régie, allait montrer sa capacité et faire des prouesses inédites dans l’histoire de la DGI. Au moment de sa prise de fonction, la conjoncture ne prêtait pourtant pas à l’optimisme : en pleine pandémie de Covid-19, le taux de croissance de l’économie était descendu à 1,7% en 2020, contre 4,4 l’année précédente. Mais Muakadi n’est pas homme à se décourager – ni à courber l’échine devant les difficultés.

Immédiatement, il s’engage à gagner le pari de la mobilisation des recettes, ensemble avec son équipe, afin de «répondre à l’appel et aux attentes du chef de l’Etat Felix-Antoine  Tshisekedi Tshilombo», qui lui a confié une mission précise à la tête de cette régie financière. Très vite, il met en place une action qui s’articule sur trois axes prioritaires, à savoir : l’amélioration de cadre et des conditions de travail, tout en mettant l’homme au centre de l’action ; la relance de la franche collaboration avec la délégation syndicale ; un travail en synergie avec tout le personnel de la régie.

Les résultats n’attendent pas à se manifester. Dès avril 2021, la DGI collecte 1.100 milliards de francs, soit 550 millions de dollars américains, sur les 637 milliards de francs d’assignations attendues, soit 172%. C’est du jamais vu dans l’histoire des régies financières congolaises ! La DGI clôturera l’année 2021 avec un taux de réalisation de 130%, coiffant désormais la DGDA et devenant la première pourvoyeuse des recettes de l’Etat. Modeste, Barnabé Muakadi Muamba préfère jouer collectif, et déclare alors : «Cela n’est pas seulement mon effort comme DG des impôts mais c’est l’effort de l’ensemble du personnel. Voilà pourquoi je tiens d’abord à dire merci à tout le personnel pour les efforts consentis afin d’arriver à dépasser les assignations». 

L’année suivante, 2023, les régies financières de la RD Congo mobilisent un «record historique» de recettes, selon le rapport annuel sur les performances que présente le 14 mars 2023 l’alors ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Les recettes intérieures mobilisées sont passées de 6 968 milliards de francs en 2020, à 11 838 milliards de francs réalisées en 2021. Mais elles ont bondi à 18 427 milliards de francs en 2022, ce qui est une première dans l’histoire du pays. Il s’agit d’une hausse de 164% et de 67% par rapport aux recettes réalisées respectivement en 2020 et en 2021. Encore une fois, la RDC doit cette prouesse d’abord à la DGI qui a atteint le taux de réalisation de 156%, loin devant la DGRAD avec ses 112% et la DGDA avec 84%.

Ce travail acharné – et ces résultats dignes d’éloge – ont valu au DG de la DGI de recevoir le trophée de meilleur mandataire public pour l’année 2024 décerné par l’Asbl Bravo X en août dernier.

Belhar MBUYI