Mmes Olive Lembe Kabila (à g.), et Jaynet Kabila Kyungu｜Photo : Droits tiers
Ce jeudi 16 janvier 2024, la famille Kabila a organisé un culte commémoratif du 24ème anniversaire de l’assassinat de M’zée Laurent Désiré Kabila, troisième président de la RDC assassiné le 16 janvier 2001 à Kinshasa. comme d’habitude, la célébration a eu lieu en la cathédrale du Centenaire de l’Église du Christ au Congo. Officiant du jour, le pasteur Robert Kwim, a appelé la majorité et l’opposition à la cohésion nationale pour faire face aux attaques des rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda.
Dans son homélie, le pasteur Robert Kwim a également appelé tous les participants à s’imprégner du modèle du troisième président de la RDC. «J’ai trouvé en M’zee Laurent Désiré Kabila un prophète. J’aimerais terminer avec cette prophétie, pour la République démocratique du Congo. Je le cite in extenso. Malgré les vicissitudes graves que vit notre pays, nous restons plus que jamais confiants en l’avenir de notre patrie. La RDC est un pays choisi par Dieu et le plan divin se réalisera totalement sur cette terre africaine, quelles que soient les tentatives humaines intérieures et extérieures. Le Congo et le peuple congolais vivront, et nous serons les propriétaires de notre terre», a-t-il indiqué.
Sur le même registre, Roland Lumumba, fils de Patrice Lumumba, a convié la jeunesse à suivre les pas de M’zée Laurent Désiré Kabila, pour bâtir un nouveau Congo empreint de progrès. «Ceux qui doivent pérenniser le combat de Laurent Désiré Kabila, c’est la jeunesse congolaise. On le pérennise par le sang de son combat, la poursuite de ce qu’il a fait. Comme son prédécesseur, il avait dit à ses parents qu’il va mourir comme Lumumba. C’est quelqu’un qui a vécu pour le pays. Il est mort pour le pays. Il a tout donné pour son pays, et c’est de cette façon qu’il faut le pérenniser», a déclaré Roland Lumumba.
Désaffection
La commémoration de la mort de Laurent Désiré Kabila, proclamé héros national et dont la date anniversaire est journée fériée depuis 2002, est devenue une tradition politique en RDC. Depuis 23 ans, ce sont plusieurs centaines, voire des milliers, de personnes – têtes couronnées du pouvoir kabiliste, mais aussi simples sympathisants de l’ancien chef de l’Etat – qui se pressent à la cathédrale du Centenaire pour y assister.
La surprise a donc été de faire le constat, cette année, de la désaffection des anciens bonzes du kabilisme partis en masse brouter à l’Union sacrée, où l’herbe est politiquement – et financièrement – verte. La salle était donc aux trois quart vide. A peine quelques anciens caciques du PPRD/FCC ont pu garder la fidélité à leur famille politique. L’on a ainsi noté la présence d’Emmanuel Shadary Ramazani, le secrétaire permanent du PPRD et son adjoint Ferdinand Kambere, mais aussi des anciens ministres Célestin Mbuyu Kabango Mukolwe, Marie Ange Mushobekwa, Koko Nyangi et Tshilombo Send, ou encore de l’ancien député et ex-vice-président de la CENI, Crispin Kankonde, et quelques autres. Mais le gros de troupe a déserté les lieux, afin de trouver un refuge porteur de lait – et de miel – de l’autre côté de la route. Même ceux à qui Kabila avait tout offert, à commencer par sa confiance au point de les nommer au poste de directeur de son cabinet : Evariste Boshab (qui deviendra ensuite président de l’Assemblée nationale, puis vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur), Lumanu Bwana Mulenda Nsefu (qui sera ensuite nommé vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur), ou encore Léonard She Okitundu Lundula (qui passera vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères). Plus personne n’est plus visible à la cathédrale du Centenaire. Leurs convictions kabilistes se sont envolées avec le passage de témoin au sommet de l’Etat.
«Comme les choses ont changé, et comme les gens sont méchants !, s’exclame une jeune femme, partisane convaincue de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila. A l’époque, on devait se battre pour trouver une place dans cette cathédrale à un jour pareil, outre qu’au dehors il y avait des milliers de militants qui attendaient, portant des écharpes et tenant des drapeaux des partis de la coalition. Aujourd’hui, le lieu est quasi-vide».
Vue d’une partie de l’assistance lors du culte commémoratif du jeudi 16 janvier. On remarque combien la salle est vide.｜Photo : Droits tiers
Visiblement touchée par ce sentiment de solitude et d’abandon par ceux qui furent, des années durant, leurs partisans nourris aux mamelles du pouvoir kabiliste, l’ancienne députée Jaynet Kabila, fille de Laurent-Désiré Kabila et sœur jumelle de Joseph Kabila, ne s’est pas empêchée de verser quelques larmes de déception au moment de quitter les lieux, larmes qu’elle a essuyées avec un mouchoir immaculé dans son véhicule.
Notons qu’on a enregistré aucune présence ni des officiels du pouvoir en place, ni des représentants de l’opposition.
Mbuta MAKIESSE
