Fringant quadra frais émoulu, journaliste économique respecté sur la place de Kinshasa, Eric Tshikuma Mwimbayi a réussi sa reconversion en homme politique de talent. Formé à l’Ifasic et à l’Ecole des finances, successivement journaliste et directeur des informations à CEBS TV, manager à PMC Sprl et directeur de Zoom Eco – le site d’informations économiques, l’homme siège à l’Assemblée nationale en remplacement de Patrick Muyaya – dont il est le premier suppléant – nommé au gouvernement en qualité de ministre de la Communication et Médias, d’abord de septembre 2021 à décembre 2023, ensuite depuis juin 2024. Celui dont le post-nom, Mwimbayi, signifie ‘‘louez-le’’ en langue Tshiluba, abat un travail qui mérite des louanges. L’homme met son mandat au service du bien-être des populations.
Le 20 mars 2023, il a ainsi déposé une proposition de loi modifiant et complétant le code du travail. L’initiative législative vise à modifier l’article 130 alinéa 2 du code du travail pour «garantir l’octroi de la totalité des revenus dus à la femme salariée durant sa grossesse et son congé de maternité». Eric Tshikuma estime qu’il est «inacceptable», que «la grossesse ou le congé maternité soit perçu comme un désavantage professionnel ouvrant une brèche à une discrimination indirecte fondée sur le sexe».
En l’état actuel de la législation du travail, la femme enceinte ne touche que les deux tiers de son salaire lorsqu’elle part en congé maternité. Une situation qu’Éric Tshikuma voudrait voir changer, soutenant qu’il n’est pas normal que la femme enceinte salariée «perde 34 % de ses revenus en cette période où elle accomplit sa mission sociale de donner vie pour peupler le sol congolais».
Pour Eric Tshikuma, le rôle normatif de l’Etat est d’assurer «la valorisation sociale de la maternité, comme levier de reconnaissance de droits de la femme». Ainsi, la consécration législative d’un congé maternité marque indéniablement une avancée qui permet à la femme salariée de se reposer pour enfanter, sans rupture de son contrat ni perte de ses revenus. «Au regard du principe de l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, il importe de protéger, d’une part, la condition biologique de la femme au cours de sa grossesse et à la suite de celle-ci et, d’autre part, les rapports particuliers entre la femme et son enfant au cours de la période qui suit la grossesse et l’accouchement», explique alors le député de Kinshasa 3 Funa, pour qui les femmes ne devraient pas être victimes de «pénalités liées à la naissance».
Applaudissements frénétiques
L’homme suscite alors les applaudissements frénétiques des organisations des femmes qui le portent en triomphe, mais aussi des défenseurs des droits de l’Homme et de toutes les personnes de bonne volonté.
Mais Eric Tshikuma n’a pas oublié son corps d’origine : la profession journalistique. Ainsi, lors du débat sur le projet de budget 2025, il s’est battu becs et ongles dehors pour obtenir l’inclusion dans la loi de finance des projets prioritaires en faveur de l’Union nationale de la presse du Congo, UNPC.
Avec force arguments, Eric Tshikuma rappelle l’importance des recommandations issues des États généraux de la Communication et des Médias en 2022. En effet, le président de la République avait invité le Gouvernement à appuyer le processus de réformes de l’UNPC après la tenue de son Congrès. «Il faut doter cette structure d’une subvention annuelle pour contribuer ainsi à son bon fonctionnement et à la mise en œuvre des réformes pour l’assainissement du paysage médiatique», a-t-il plaidé pour obtenir gain de cause en faveur de la corporation.
Considérant le budget de 49.846,8 milliards de CDF présenté par le gouvernement, soit une hausse de 21,6 % par rapport à l’exercice précédent, ce membre de la commission Ecofin a réussi à faire inscrire dans la loi de finance d’autres besoins prioritaires qui concernent aussi bien sa circonscription de la Funa à Kinshasa que le reste du pays. il s’agit, notamment, des questions de sécurité publique, du manque d’équipements et de moyens de mobilité pour la police, du déficit d’effectifs dans les commissariats et sous-commissariats, de la lutte contre les têtes d’érosion, du curage des rivières — notamment Ndjili, Kalamu et Makelele –, du drainage des caniveaux dans la ville de Kinshasa, ainsi que de la réhabilitation de certaines routes aujourd’hui impraticables comme la RN3 (Bukavu-Walikale- Kisangani), l’avenue de Libération (Bambole-Prison centrale de Makala-Marché de Selembao), et l’avenue du Tourisme/Nzela ya mayi (Mimosas-Mont Ngaliema) à Kinshasa.
Depuis Joseph Mobutu Sese Seko et Joseph Ngalula Mpandanjila dans les années 60, journalisme et carrière politique ont souvent fait bon ménage. Eric Tshikuma se trouve aujourd’hui sur les traces de ces pères du Congo de l’après-indépendance. Jusqu’où ira-t-il ? Ça, seul l’avenir le dira.
BM