Kasongo wa Kanema, auteur de la chanson ‘‘Kasongo’’.|Photo : Droits tiers
C’est en 1977 que Kasongo wa Kanema, chanteur de l’orchestre Super Mazembe, a sorti la chanson ‘‘Kasongo’’, dans laquelle relaie les complaintes d’une épouse abandonnée qui appelle son mari, du nom de Kasongo, à regagner le toit familial. A l’époque, son célèbre chœur, ‘‘Kasongo yeye … Mobali na nga, Kasongo nga nawe ooh, zonga libala eeh’’ (Kasongo, mon mari … Kasongo je me meurs, reviens à la maison) avait connu un réel succès depuis le Kenya où était basé l’orchestre jusqu’au Zaïre dont ses musiciens étaient originaires. Puis, la chanson était tombée dans l’oubli. Jusqu’à ce qu’il ce qu’il y a quelques mois, Aloysius Bugingo, un des pasteurs (et hommes d’affaires) les plus célèbres de l’Ouganda, chef de l’église ‘‘La Maison des Ministères de Prière Internationale’’ (également connue sous le nom de Terre de Canaan), la reprenne dans un clip montrant un phacochère regagnant son terrier. Il n’en fallait pas plus pour que la chanson retrouve une nouvelle vie et connaisse un succès fulgurant grâce aux réseaux sociaux dans toute l’Afrique de l’Est jusqu’en RDC. Au Kenya, une frange de la population a donné au chef de l’Etat, William Ruto, le surnom de Kasongo, symbole d’un homme irresponsable.
Depuis lors, du Kenya à la RDC, en passant par l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi, des versions de la chanson et des challenges de chant foisonnent sur Tik Tok, Facebook, WhatsApp, Instagram et d’autres réseaux sociaux. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la chanson fait à nouveau fureur. Au Kenya, des internautes ont retrouvé et remis au goût du jour l’hommage de William Ruto, alors vice-président du pays, à Kasongo wa Kanema lors du décès de ce dernier en le 15 avril 2020. Le chef de l’Etat actuel du Kenya l’avait alors qualifié de «meilleur chanteur ténor d’Afrique de l’Est».
Chanteur hors pair
«Kasongo wa Kanema était un chanteur ténor hors pair, peut-être le meilleur chanteur ténor d’Afrique de l’Est ; il était un rouage essentiel de la vénérable musique rumba et on se souviendra avec affection de son chant principal dans le morceau de Noël Kakolele Viva. Ses plus grands succès furent Shauri Yako et Kasongo . Manager doué qui dirigeait l’Orchestre Super Mazembe avec brio et formait des musiciens de haut rang comme Disco Longwa, Maurice Kasongo et les Longombas, entre autres, Kasongo était imperturbable, modeste, attentif et toujours désireux de partager ses découvertes musicales à l’antenne», avait déclaré William Ruto, décidément très au fait de l’histoire de cet orchestre, dans son hommage.
Les kenyans se déchaînent sur les réseaux sociaux. Les commentaires sont nombreux : «Maintenant, sa chanson est plus tendance qu’à l’époque», «les gens souffrent ici simplement à cause de fausses promesses de notre nouveau Kasongo», «tt aujourd’hui, nous appelons notre président Kasongo sans vergogne», «Kasongo doit faire un tour complet dans sa tombe en ce moment même», «RIP Kasongo. À cette époque, je n’avais pas de smartphone», «C’était le meilleur, Kasongo» … Même un sénateur, Samuel Mungai, s’est allé aller à con commentaire : «J’aimerais que Kasongo sache que Ruto a tenté de vendre notre aéroport».
Pour l’histoire, l’Orchestra Super Mazembe était un groupe de soukous kenyan. Formé à l’origine à Lubumbashi au Congo en 1967 sous le nom de Super Vox, le groupe, dirigé par Longwa Didos Mutonkole, En 1974, le groupe s’installe à Nairobi, prend le nom de Orchestra Super Mazembe. Il est rejoint en 1978 par Lovy Longomba, le fils de Vicky Longomba et frère à Awilo Longomba. L’orchestre va dominer la scène musicale du Kenya des années 1970/1980 avec leursrumba (sébéné) et congolais, marqués par des riffs de guitare tournoyants (style rock) et des lignes de cuivres très relevées, comme le laissent entendre leurs hits chantés en lingala, en swahili ou en nyanja : “Gina”, “Shauri Yako”, “Mbanda Ya Mobange”, “Nabimakale”, “Loboko”, “Amina”, “Samba”, “Bamama”, “Atia Jo”, “Kassongo”, “Naleki Libota” ou “Mwana Mazembe”.
En 1981, Lovy quitte le groupe, et transite par plusieurs autres orchestres tels que Shika Shika et Mos Mos, avec de créer son propre groupe, Orchestra Super Lovy. En 1988, il part rejoindre l’orchestre Afriso Ngomo à Dar es Salam où il meut dans un accident de la circulation en 1988.
Rica MITSH, depuis Nairobi