La journaliste Hariana Veras interviewant le président Donald Trump|Photo : capture d’écran Finance-cd.com
Quelques jours après la signature de la déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda à Washington sous la médiation du secrétaire d’Etat Marco Rubio, c’est au tour du président américain lui-même de donner de la voix sur la région des grands lacs. Le chef de l’Etat américain circulait dans les jardins de la Maison blanche lorsqu’il a été abordé par la journaliste angolaise Hariana Veras, correspondante de la chaîne de télévision publique de son pays TPA.
Notre consœur est allée droite au but : «Monsieur le président, vous venez de partager sur vos réseaux sociaux la bonne nouvelle pour l’Afrique. Pouvez-vous en dire plus pour le peuple africain ? Tout le monde est tellement excité …»
Ce à quoi Donald Trump a répondu : «Nous le faisons, nous avons de bonnes nouvelles à venir avec le Rwanda et le Congo. Et je pense que vous allez voir la paix au Rwanda, au Congo et dans quelques autres pays alentours. Et ce sera quelque chose de formidable. Nous espérons que cela va se produire».
Et madame Veras de repartir : «Et votre administration investira plus de 60 milliards dans le corridor de Lobito qui transportera essentiellement des minéraux essentiels du Congo, de l’Angola et de nombreux autres pays ?» Réponse de Donald Trump : «Nous cherchons à faire de belles choses tout en gardant la paix. Nous allons maintenir le calme. Merci».
Et le président a continué sa route.
Ce n’est pas la première fois que M. Trump parle du Congo ces deux dernières années. Il en parle même beaucoup, et pas souvent en bien. Lors de la campagne électorale qui l’a conduit à la présidence du pays, et pendant laquelle il défendait une rhétorique puissamment anti-immigration, il avait accusé le Congo de libérer et d’envoyer ses repris de justice aux Etats Unis. C’était dans un discours prononcé le vendredi 31 mai 2024, au lendemain de sa condamnation par un jury pour 34 chefs d’accusation. «Le Congo, l’Afrique, vient de libérer de nombreuses personnes de ses prisons et de les faire venir aux États-Unis», avait-il déclaré.
Ce qui avait suscité une vive réaction du gouvernement congolais. Dans un message envoyé à CNN, le porte-parole de l’exécutif de la RDC, Patrick Muyaya Katembwe, avait déclaré : «Tout ce qu’il dit est faux» et «nous voulons qu’il cesse» de raconter ces histoires, car «c’est très mauvais pour le pays».
Le 30 janvier 2025, dix jours après son investiture, Donald Trump tient sa première conférence de presse à la Maison blanche, et un journaliste lui pose une question sur la position de son administration sur la guerre qui sévit au Congo dans laquelle le Rwanda soutient les rebelles de l’AFC/M23. Sa réponse fut tout ce qu’il y a de plus vague : «Vous me posez une question sur le Rwanda, et c’est un problème très grave, j’en conviens, mais je ne pense pas qu’il soit approprié d’en parler maintenant. Mais c’est un problème très grave».
”Ignorant dangereux”
Plusieurs analystes alors pensé que l’homme avait peut être choisi l’esquive pour masquer son ignorance du conflit en question, voire même de l’existence de ces deux pays des Grands lacs.
Le 17 avril dernier, lors de la conférence de presse après avoir reçu la Première ministre italienne Georgia Meloni, il a encore accusé le Congo d’être parmi les pays qui envoient leurs criminels aux Etats Unis, ajoutant qu’il ignorait même ce que c’était que le Congo.
«Écoutez cette frontière, il y a quatre ans, mais nous avons maintenant une frontière encore plus stricte. Et nous l’avons fait en quelques semaines. Et euh, non, nous devons arrêter les meurtriers, les trafiquants de drogue et les personnes emprisonnées pour des faits horribles. Vous savez, ils ont libéré des prisons en Géorgie, dans le monde entier. Ils les ont libérés, pas seulement en Amérique du Sud, dans le monde entier, au Congo et en Afrique. Beaucoup de gens viennent du Congo. Je ne sais pas ce que c’est, mais ils sont venus du Congo et du monde entier. Ils ont ouvert les portes de leurs prisons», a déclaré le président américain.
Tout bien considéré, Donald Trump n’est pas une brillance intellectuelle comme Bill Clinton, ou encore un esprit cultivé comme Barack Obama. En 2016, lors de sa première campagne électorale, il avait déclaré que la Belgique était «une magnifique ville». Récemment, lors de son premier discours au Congrès des Etats Unis, il a parlé du Lesotho comme d’un «pays dont personne n’a jamais entendu parler». Récemment, l’euro-député et ancien Premier ministre belge Elio di Rupo a écrit une lettre à Donald Trump dans laquelle il traite le président d’américain d’«ignorant dangereux».
MULOPWE Wa Ku DEMBA