Donald Trump veut imposer des droits de douane de 50 % sur le cuivre raffiné importé aux États-Unis. Si cette mesure vise avant tout à relancer la production locale, elle pourrait indirectement affecter le commerce mondial du cuivre — et notamment celui de la République démocratique du Congo, deuxième producteur mondial.
L’annonce a fait l’effet d’une onde de choc dans le secteur des métaux : le président américain Donald Trump a promis, mardi dernier, l’instauration de tarifs douaniers de 50 % sur les importations de cuivre raffiné, dès le 1er août. Même si la mesure n’est pas encore formalisée, plusieurs sources proches du dossier ont confirmé à Bloomberg que le cuivre raffiné et certains produits semi-finis figureraient bien dans la liste visée par cette taxe exceptionnelle.
Une politique protectionniste ciblée, mais à large portée
La démarche de Trump s’inscrit dans une logique protectionniste visant à stimuler la production américaine de matériaux critiques. Le cuivre, utilisé dans les réseaux électriques, les véhicules électriques, les télécommunications, l’électronique et le BTP, est désormais considéré comme un métal stratégique pour la sécurité industrielle et énergétique des États-Unis.
Mais cette décision pourrait entraîner des perturbations dans les flux commerciaux mondiaux du cuivre, en influençant les prix, les chaînes d’approvisionnement et les relations entre pays producteurs et pays consommateurs.
Quel impact pour la RDC ?
La République démocratique du Congo, qui assure à elle seule près de 10 % de la production mondiale de cuivre, pourrait ressentir des effets indirects, mais non négligeables de cette décision américaine.
Même si les États-Unis ne figurent pas parmi les principaux clients du cuivre congolais — la Chine en étant le principal acheteur — toute reconfiguration du marché mondial aura des répercussions pour les producteurs comme la RDC. Voici pourquoi :
- Baisse potentielle des prix mondiaux :
Si les tarifs douaniers dissuadent les importations vers les États-Unis, les exportateurs se tourneront vers d’autres marchés, notamment en Asie. Cette redirection de volumes excédentaires pourrait faire pression à la baisse sur les prix mondiaux du cuivre raffiné, réduisant les revenus des pays producteurs comme la RDC. - Tensions sur la chaîne de valeur :
La RDC exporte essentiellement du cuivre non raffiné ou semi-raffiné, dont une grande partie est transformée en Chine. Si les taxes américaines déstabilisent la demande chinoise — en freinant les réexportations vers les États-Unis — cela pourrait ralentir la production des fonderies partenaires en Chine, et donc impacter la demande de cuivre brut congolais. - Incitation à la transformation locale :
Paradoxalement, cette situation peut pousser la RDC à investir dans la transformation locale du cuivre, en réduisant sa dépendance aux fonderies étrangères. Les appels croissants à créer des chaînes de valeur locales pourraient ainsi gagner en crédibilité, surtout si les investisseurs internationaux cherchent à contourner les tensions sino-américaines. Mais ceci n’est pas faisable à court terme. - Volatilité pour les banques et entreprises minières :
Des banques congolaises comme Rawbank, fortement exposées au financement minier, ou des joint-ventures minières présentes en RDC (Ivanhoe Mines, Zijin Mining, etc.) pourraient voir leur rentabilité affectée par cette instabilité commerciale.
Une réaction internationale encore incertaine
Alors que plusieurs groupes industriels américains, comme Rio Tinto, Southwire ou Trafigura, demandent à la Maison Blanche de privilégier des restrictions sur les exportations de ferraille plutôt que sur les importations de cuivre raffiné, rien n’est encore définitif. L’administration Trump pourrait encore ajuster le périmètre ou les modalités de cette politique douanière.
Cependant, le message est clair : les grandes puissances entendent reprendre le contrôle stratégique sur les métaux critiques, quitte à bouleverser l’ordre économique établi.
Prudence et anticipation pour la RDC
La RDC n’est pas visée directement par les mesures américaines, mais elle pourrait en subir les contrecoups à travers la baisse des prix mondiaux, les effets sur la demande chinoise, et la réorganisation des flux commerciaux. Dans ce contexte, diversifier les débouchés, investir dans la transformation locale, et renforcer les relations avec des partenaires alternatifs devient une nécessité stratégique.
Dans un monde de plus en plus polarisé par les rivalités commerciales, le cuivre congolais reste un atout majeur… mais à condition d’en maîtriser les usages, les circuits et les alliances.
Rica MITSH