Selon la Note de conjoncture de la Banque centrale du Congo (BCC) qui présente le tableau de l’économie congolaise jusqu’au 25 juillet 2025, le secteur monétaire congolais continue de faire l’objet d’un pilotage actif par les autorités monétaires, dans un contexte économique marqué par des ajustements structurels et une prudence accrue des acteurs bancaires. Au cours de la période sous examen, la BCC a injecté en moyenne 348,0 milliards de CDF par semaine sur le marché, principalement via les Bons BCC, traduisant un repli des soumissions bancaires à l’approche des échéances fiscales.
L’environnement réglementaire a également connu une évolution significative avec la suppression du guichet de prêt à court terme, remplacé, depuis le 25 juin 2025, par un nouveau guichet d’adjudication dans le cadre de l’Instruction n°4 sur le refinancement. Malgré cette réforme, aucune opération n’a été enregistrée sur les facilités permanentes au cours des quatre premières semaines de juillet. Toutefois, le mois de juin avait vu un regain d’activité avec 60,0 milliards de CDF mobilisés, contre 42,0 milliards en mai. En cumul annuel, le volume des transactions sur ce guichet s’élève à 485,0 milliards de CDF, bien en deçà du niveau de 6.025,0 milliards enregistré en 2024.
Le marché interbancaire reste quant à lui peu actif, avec aucune transaction durant la période sous revue. Au 25 juillet 2025, le cumul mensuel atteint 85,0 milliards de CDF, en progression par rapport aux 10,0 milliards de juin, mais inférieur au volume global de 459,0 milliards enregistré en 2024. Les taux d’intérêt sur les opérations interbancaires et les facilités permanentes se situent respectivement à 24,0 % et 30,0 %.
Une activité bancaire globalement dynamique, mais marquée par des contrastes
Sur le plan de l’activité bancaire, les dépôts de la clientèle ont atteint 14,38 milliards USD à fin juin 2025, en hausse mensuelle de 4,89 %, bien qu’en recul de 2,42 % en cumul annuel. Cette performance s’explique par la progression des dépôts des ménages et des entreprises privées, particulièrement en devises étrangères (+5,6 %), tandis que les dépôts en franc congolais ont fléchi de 1,36 %. La dollarisation de l’épargne reste dominante, les dépôts en devises représentant 89,6 % du total.
La répartition géographique des dépôts reste concentrée : Kinshasa capte 65,2 %, suivie du Haut-Katanga (22,9 %), du Lualaba (4,0 %) et du Nord-Kivu (2,7 %). Du côté sectoriel, les dépôts proviennent principalement des secteurs hors administration publique (39,2 %), du commerce (21,7 %) et de l’industrie extractive (14,5 %).
Les crédits bancaires affichent également une croissance notable. À fin juin, les crédits bruts se sont établis à 9,11 milliards USD, soit une progression mensuelle de 2,79 % et annuelle de 6,72 %. Cette hausse est surtout tirée par les financements accordés aux PME et aux entreprises privées. Par monnaie, les crédits en franc congolais et en devises ont progressé respectivement de 3,65 % et 2,8 %. Les principaux bénéficiaires restent l’industrie extractive (35,4 %) et les autres services hors administration publique (27,1 %), avec une concentration géographique similaire à celle observée pour les dépôts.
Titres BCC : ajustement prudent de la liquidité
Sur le marché des titres de la BCC, la séance d’adjudication du 23 juillet 2025 a permis une injection de 380,0 milliards de CDF, portant l’encours total à 971,2 milliards. Malgré des appels d’offres ambitieux – 800,0 milliards pour les Bons à 7 jours et 450,0 milliards pour ceux à 28 jours – la demande s’est limitée à 397,0 milliards et 235,0 milliards respectivement, reflétant la prudence des banques commerciales face à l’environnement monétaire et fiscal.
Belhar MBUYI
