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Escroquerie à Canal+ : comment Chérubin Junior Lukuso Kasongo a détourné les paiements d’un couple à Kinshasa

Canal+ (anciennement CanalSat) demeure sans conteste le bouquet télévisuel par satellite le plus prisé en République démocratique du Congo. L’opérateur propose un large éventail de chaînes payantes couvrant le sport, le cinéma, les séries et le divertissement. Ses offres s’adaptent à tous les budgets : de la formule de base incluant les chaînes Canal+ essentielles jusqu’aux options premium intégrant des chaînes thématiques et même des services de streaming tels que Netflix ou Apple TV+. À Kinshasa, Canal+ bénéficie d’une popularité particulière, tant sa qualité de service et la richesse de son contenu séduisent de nombreux abonnés.

Pourtant, l’expérience vécue récemment par le couple Ngal tourne au cauchemar. Clients réguliers de la boutique Canal+ située avenue Ubangi, à Righini près du rond-point Ngaba, M. Ngal et son épouse, Chris Ngal, y avaient pris leurs habitudes depuis l’époque où ils habitaient Righini à Lemba . Ils y faisaient souvent appel à un agent de la maison, un certain Chérubin Junior Lukuso Kasongo, à qui ils transféraient, à sa demande, le montant de leur abonnement via M-Pesa, notamment lorsqu’il s’agissait d’un paiement à des heures tardives. L’agent se chargeait ensuite de réactiver leur compte.

Mais au mois d’octobre, les choses ont mal tourné. Après avoir réglé 50 dollars pour la formule Tout Canal, M. Ngal constate, quelques jours plus tard, que plusieurs chaînes sont inaccessibles. Surpris, il contacte M. Lukuso Kasongo pour signaler la panne. Ce dernier tente d’abord de minimiser le problème, parlant d’un simple incident technique, avant d’admettre finalement avoir commis une erreur : il déclara avoir activé par inadvertance la formule Évasion, une offre moins complète facturée à 20 dollars seulement.

Dépité, M. Ngal réclame alors le remboursement de la différence, soit 30 dollars. En guise de solution, M. Lukuso Kasongo lui demande de patienter et promet, la main sur le cœur, de compenser la perte lors du prochain renouvellement d’abonnement, en lui ajoutant plusieurs jours de visionnage gratuit.

Peu avant même la fin de la période d’abonnement, c’est M. Chérubin Lukuso Kasongo lui-même qui relance le couple Ngal, les pressant de renouveler rapidement afin — assure-t-il — de bénéficier des jours supplémentaires promis. Convaincu, M. Ngal procède à un nouveau paiement de 50 dollars le 21 octobre. Pourtant, à peine deux jours plus tard, les chaînes du bouquet Canal+ cessent de fonctionner. Inquiète, Mme Chris Ngal contacte aussitôt M. Lukuso Kasongo, qui se rend à leur domicile de Limete où ils ont emménagé depuis quelques mois. Après quelques manipulations à la télécommande, il conclut que le problème viendrait du décodeur, affirmant qu’il faut désormais un modèle intégré plus récent, vendu à 25 dollars.

Comme c’était un samedi soir, l’agent promet de passer à la boutique Canal+ de Righini dès le lendemain matin pour récupérer le nouvel appareil et venir l’installer chez eux le dimanche. Mais le lendemain, il appelle pour annoncer qu’il n’a pas pu retirer le décodeur faute de présence d’agents de sécurité à la boutique — une explication confuse que le couple accepte pourtant, préférant patienter. Le lundi suivant, 27 octobre, Lukuso Kasongo reste injoignable : ni appels ni messages ne reçoivent de réponse.

Le mardi 28 octobre, excédée, Mme Chris Ngal se rend elle-même à la boutique Canal+ de Limete, 7ᵉ rue, décodeur en main. Sur place, le verdict tombe : l’appareil fonctionne parfaitement, mais aucun abonnement n’a été activé dessus. Autrement dit, les 50 dollars d’abonnement et mes 25 dollars d’un prétendu décodeur intégré versés n’ont servi à rien.

Face à l’évidence, le couple Ngal réalise qu’il a été victime d’un agent indélicat de Canal+. Ils ont décidé de porter plainte auprès de Canal+ RDC afin d’obtenir le remboursement des 30 dollars perdus lors du premier incident, ainsi que des 75 dollars du second paiement frauduleux.

Cette mésaventure, aussi ordinaire qu’inquiétante, met en lumière les failles de confiance entre les abonnés et certains agents malhonnêtes de Canal+. Dans un contexte où le numérique et les paiements mobiles se généralisent, la vigilance des consommateurs devient un impératif. Canal+ RDC, de son côté, devra renforcer ses mécanismes de contrôle interne et de communication afin d’éviter que de tels cas de fraude ne ternissent la réputation d’une marque jusque-là appréciée pour sa fiabilité.

Pour le couple Ngal, cette histoire a laissé un goût amer — celui de la trahison et de la désillusion. Mais leur témoignage servira, espérons-le, d’alerte à tous les abonnés : ne jamais confondre proximité et confiance.

Mbuta MAKIESE