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La kazakhe ERG va injecter 1,8 milliard de dollars en RDC et en Zambie pour doubler sa production de cuivre et cobalt

La société kazakhe enregistrée au Luxembourg, Eurasian Resources Group, ERG en sigle, prévoit d’investir 1,8 milliard de dollars dans le développement de ses mines en RDC. C’est du moins ce qui ressort de l’interview en ligne de son PDG, Benedikt Sobotka publiée sur le site de cette entreprise spécialisée dans l’exploitation minière et les matières premières. “Les régions comme la RDC qui produisent les matériaux pour les produits électroniques et les véhicules électriques devraient voir une valeur accrue de leurs réserves minérales”, a déclaré le PDG.

Depuis 2016, ERG réorganise son portefeuille et ses plans de croissance vers les matériaux de la transition énergétique. “Nous croyons fermement que pour que le monde atteigne ses objectifs ambitieux de zéro net, nous devons explorer où la géologie nous mène, plutôt que là où cela nous convient”, a déclaré Sobotka. “Par conséquent, nous suivons une approche de système minéral dans la sélection des pays à explorer. Nous sommes particulièrement enthousiasmés par les opportunités dans le Bouclier arabe et nubien, en Afrique et en Asie du Sud-Est.”

Pour ce faire, le groupe prévoit d’investir pas moins de 1,8 milliard de dollars sur les cinq prochaines années pour doubler sa production de cuivre et de cobalt en RDC et en Zambie, afin de répondre à la demande de métaux pour l’augmentation prévue de la production de véhicules électriques.

Collusion suspecte avec Gertler

Cependant, les détails précis des nouveaux projets n’ont pas encore été publiés. On sait néanmoins que ERG, un groupe minier diversifié, a déjà plusieurs projets miniers dans les pays africains, ainsi que la production de ferroalliages et d’aluminium au Kazakhstan et de minerai de fer au Brésil. Elle produit actuellement du cuivre et du cobalt – y compris à partir de résidus retraités – en République démocratique du Congo, du cuivre et du cobalt en Zambie, du platine au Zimbabwe, du charbon au Mozambique et de la bauxite au Mali.

Auparavant essentiellement présent au Kazakhstan, ENRC, société devancière de ERG, s’est développé très rapidement dans l’État d’Afrique centrale, principalement au Katanga. L’histoire récente indique que, en 2007, la CAMEC – Central African Mining & Exploration Company – très controversée société minière cotée à Londres, lançait une OPA non sollicitée de 1,4 milliard de dollars contre Katanga Mining, détenteur du gisement de cuivre de Kamoto, le troisième plus riche d’Afrique, situé près de Kolwezi. Ce qui lui valut quelques démêlés avec l’état congolais.

Mais ENRC débarque en 2009, et rachète la CAMEC pour 955 millions de dollars. Une année plus tard, il verse 175 millions de dollars pour prendre le contrôle d’une société opérant dans la mine de Kolwezi depuis l’expulsion forcée d’un autre groupe minier, le géant canadien First Quantum. Ce dernier attaque alors à la fois ENRC et l’État congolais devant des tribunaux internationaux. En 2012, le conflit se solde par un accord à l’amiable : ENRC verse 1,25 milliard de dollars à First Quantum, en échange, notamment de l’arrêt des poursuites.

Global Witness avait accusé la société d’avoir réalisé ces opérations en collusion suspecte avec le milliardaire israélien Dan Gertler, ami de l’alors président congolais, Joseph Kabila. Cela valut à ENRC d’être poursuivie par la justice britannique pour fraude et corruption, et d’être expulsée de la Bourse de Londres.

Vent d’espoir

Mais ENRC s’est mué en ERG. Il s’est restructuré et s’est donné une nouvelle direction, avec comme mission une gouvernance plus clean, et conforme aux normes de gestion transparente. Et il s’attèle à développer ses possessions minières en RDC et dans d’autres pays africains. “L’Afrique, en tant que continent très riche en ressources, peut et doit profiter de la demande mondiale croissante de produits enrichis”, a déclaré M. Sobotka. Qui a ajouté : “La transformation locale peut aider les pays des régions émergentes riches en ressources naturelles à passer d’une économie basée sur l’extraction ou les matières premières à une économie davantage basée sur la fabrication.”

Le patron de ERG a fait cette profession de foi, qui sonnera comme un vent d’espoir aux oreilles de nombreux congolais : “Dans un pays comme la RDC, le développement d’industries manufacturières à plus forte valeur ajoutée en tirant parti des minéraux et des métaux produits au pays va aide à attirer les investissements.”.

Belhar MBUYI