A 88 ans bien sonnés (89 ans en juillet prochain), le chanteur français Pierre Perret vient de sortir un album en avril dernier, intitulé ‘‘Ma vieille carcasse’’. L’opus comprend neuf nouvelles chansons, ainsi que trois reprises en guise de bonus : Mes adieux provisoires, les Confinis, et Bientôt. Mais il y a une chanson qui interpelle particulièrement le mélomane africain : ‘‘Le peuple africain’’, en huitième position sur le CD. Celui qui avait défrayé la chronique avec le très osé – en tout cas pour l’époque – ‘‘Le zizi’’ en 1974, fait très fort avec cette chanson très engagée. Il y dépeint la classe dirigeante africaine, faite des coquins, des potentats, des voleurs, des dictateurs, qui laissent leurs peuples respectifs affamés, et les poussent, par désespoir, à se noyer dans la Méditerranée dans l’espoir de joindre un bonheur illusoire en Europe.
Bien entendu, il prend le courage d’en citer quelques-uns : Mobutu, Kabila, Bokassa, Mugabe, Kadhafi. Des gens qui, selon le chanteur, détournent l’argent généré par d’immenses richesses dont regorge le contient. Le chanteur en profite pour faire une grosse pique à Valérie Giscard d’Estaing, ‘‘l’auvergnat qui aimait les diamants’’, en référence aux diamants reçus par l’ancien président français de l’ancien et fantasque empereur de Centrafrique.
Sur un ton provocateur, et sur fond d’une musique saccadée type vieille France, Pierre Perret va certainement faire parler de lui pour ce qui sera, peut-être, son dernier album. Pour des adieux définitifs à la scène.
Ci-après, le texte intégral de la chanson ‘‘Le peuple africain’’.
Belhar MBUYI
LE PEUPLE AFRICAIN
Le peuple africain
Depuis des années
C’est par des coquins
Qu’il est gouverné
Tous ces potentats
Tous ces p’tits pourris
On sait bien pourquoi
Ils viennent à Paris
Le peuple affamé
N’a même pas l’odeur
Du blé empoché
Par tous ces voleurs
Hormis les nanas
De ces dictateurs
Personne n’en voit
Jamais la couleur
Merci Mobutu
Merci Kabila
Merci Mugabé
Et autre Bokassa
Mais l’plus dégourdi
C’était l’Kadhafi
Le seul qui ait planté
Sa tente à Paris
Le peuple africain
Depuis des années
C’est par des coquins
Qu’il est gouverné
L’or, le manganèse
Platine et rubis
Se transforment à l’aise
En Maserati
Les mines de phosphate
L’or et les pierr’ries
Font miauler les chattes
De tous ces bandits
Le rire de ces belles
Est l’contre-poison
Des cris des rebelles
Au fond des prisons
Merci Mobutu
Et toi Kabila
Et l’anthropophage
L’empereur Bokassa
Celui qui l’sacra
Roi des charlatans
C’est un auvergnat
Qui aimait les diamants
Le peuple africain
Depuis des années
C’est par des coquins
Qu’il est gouverné
Mais quand trop de rage
Vous anéantit
Faut trouver l’courage
De fuir le pays
Le cimetière marin
Les copains d’Lily
Savaient pas très bien
Qu’c’est en Italie
Ils ont vu la plage
Mais jamais le visa
Ils apprirent la nage
À Lampedusa
Salut les tyrans
Fabricants de rêves
En baratinant
Vos peuples qui en crèvent
Bravo les champions
Mais souv’nez-vous bien
Qu’les révolutions
C’est pas pour les chiens