POLITIQUE Le présidium de l’Union sacrée, alias les six patrons de Langa Langa...

Le présidium de l’Union sacrée, alias les six patrons de Langa Langa Stars, lourdement désavoué

Ils sont au nombre de six : Augustin Kabuya, SG de l’UDPS ; Jean Pierre Bemba, président du MLC ; Vital Kamerhe, président de l’UNC ; Sama Lukonde, Premier ministre sortant ; Modeste Bahati Lukwebo, président de l’AFDC-A et président sortant du Sénat ; et Christophe Mboso, président du bureau provisoire de l’Assemblée nationale. Surnommés les six patrons de Langa langa Stars, allusion au célèbre orchestre formé en 1981 par des transfuges de Zaïko Langa Langa et de Viva la Musica – les Evoloko Joker, Bozi Boziana, Espérant Kisangani, Djuna Djanana, Djo Mali et Dyndo Yogo et qui fit vibrer le microcosme musical du Congo des années durant – ils ont fait le choix de se servir sans s’embarrasser du moindre scrupule. Mal leur en prit : ils ont subi l’opprobre d’être descendus du piédestal par le chef de l’Etat lui-même, devant la famille politique réunie.

Mis à part Augustin Kabuya, le Evoloko du groupe, vrai patron non officiel de l’ensemble des six patrons, dont le parti est déjà servi avec le poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale, et Vital Kamerhe lwa Kanyinginyi Nkingi, le Bozi Boziana du groupe, belle voix et le seul capable de quitter le groupe et de former à lui seul un orchestre à succès, chef de la deuxième force de la majorité et partenaire à part entière de l’UDPS ayant contribué à l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi en 2018, et pour qui le perchoir de l’Assemblée nationale semblait parfaitement naturel après avoir raté la primature, les quatre autres se comportent comme des mercenaires qui ne visent que leurs intérêts personnels et familiaux.

Dans tous les pays démocratiques du monde, la formation du bureau de l’assemblée nationale tient compte de la représentativité et fait en sorte d’être le plus conforme possible à la configuration de la chambre. Mais en RDC, ce principe, pourtant contenu dans le règlement intérieur de l’Assemblée, est foulée aux pieds, sacrifié sur l’autel des ambitions insatiables de certains politiciens. Ainsi, Christophe Mboso Nkodia – le Djuna Djanana du groupe, sans réel talent artistique mais animateur endiablé – chef du regroupement AACDR qui, avec ses 9 députés, n’est que la 15ème force politique de la majorité, réussit, avec le soutien de ses collègues les six patrons de Langa Langa Stars, à s’imposer comme candidat unique à la deuxième vice-présidence de l’Assemblée.

Lourd désaveu

Jean Pierre Bemba, dont le parti, le MLC, avec ses 20 élus, ne devrait même pas figurer au bureau, impose sa jeune sœur Caroline au poste de questeur adjoint. Quant à Bahati Lukwebo, il réserve le juteux poste de questeur à son rejeton Serge Bahati.

Des partis et regroupements plus grands sont superbement ignorés, cas de la PEP-AAAP du bulldozer Tony Kanku Shiku, véritable révélation des législatives, avec sa trentaine de députés, et de 2A/TDC, avec ses 25 élus.   

Face à la fronde qui gronde, et aux candidatures dissidentes qui se multiplient, Mboso Nkodia a l’incroyable courage de mettre en place une commission prévue par nul texte de la chambre, et chargée de valider ou non ces candidatures. Cette commission élimine toutes les candidatures autres que celles du présidium de l’USN, dont celle du rival Antipas Mbusa Nyamwisi au poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. Mbusa se plaint au Conseil d’Etat, le mécontentement est général.

C’est sur ces entrefaites que le chef de l’Etat, autorité morale de l’Union sacrée, a décidé de siffler la fin de la récréation. Ce vendredi 17 mai, de 17h à 18h, Félix Tshisekedi s’est adressé aux députés membres de l’Union sacrée lors d’une rencontre à la cité de l’Union africaine. Le président de la République a ordonné la révision du ticket proposé par le présidium de l’Union sacrée pour les six des sept postes du bureau de l’Assemblée nationale.

Seul Vital Kamerhe, pressenti pour devenir le futur président de l’Assemblée nationale après avoir remporté la primaire contre Modeste Bahati et Christophe Mboso, est assuré de son poste. Tous les autres postes sont à revoir car il faudra, désormais, tenir compte de la représentativité des forces politiques au sein de l’hémicycle. Le président promet même de réorganiser la direction de l’Union sacrée dans les jours à venir. C’est un lourd désaveu pour les six patrons de Langa Langa Stars, qui s’écroulent sur le podium devant la nation apitoyée, et dont certains suaient visiblement dans leurs vestes, malgré la climatisation du chapiteau de l’Union africaine.  

Aristote KAJIBWAMI