INTERNATIONAL Elections législatives : la France en mode cul-de-sac

Elections législatives : la France en mode cul-de-sac

La France a organisé ce dimanche 7 juillet 2024 le deuxième tour des élections législatives anticipées. Elles faisaient suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, le 9 juin dernier, suite à la débâcle de son parti et au triomphe du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) aux européennes. Les résultats définitifs annoncés tard dans la nuit donnent une chambre basse du parlement à ce point fragmentée qu’aucun groupe n’y dispose de majorité. Pire : il n’est pas évident de trouver un consensus afin de former une majorité. Le pays s’est engagé dans une situation de blocage total.

La bonne nouvelle, c’est le fait que le RN, non seulement n’a pas obtenu la majorité, mais n’a même pas été en tête des législatives comme annoncé par plusieurs instituts de sondage, grâce notamment au front républicain qui a bien fonctionné. L’éventualité d’une victoire de ce parti d’extrême droite avait dangereusement libéré la parole raciste dans le pays où n’importe quel taré voyait l’heure venue pour s’épandre dans les injures racistes contre les Noirs, les Arabes et d’autres minorités. L’autre parti d’extrême droite, Reconquête du raciste d’origine algérienne Eric Zemmour, s’en tire avec zéro élu. Autre surprise : le maintien d’Ensemble, la majorité présidentielle, qui était annoncé laminé, mais qui s’en sort plutôt bien avec un score honorable, grâce surtout à l’implication du Premier ministre Gabriel Attal dans la campagne.

Il reste que, sur les 577 sièges à pourvoir, le Nouveau front de gauche (NFP) en remporte 178 et s’affiche comme la première force de l’assemblée nationale, talonnée par Ensemble, le regroupement fidèle au chef de l’Etat, avec 150. Chouchou des sondages, des médias d’extrême droite comme CNews de l’homme d’affaires Bolloré, et de nombreux journalistes et chroniqueurs fachos-inquisiteurs – les immondes Pascal Praud, Charlotte d’Ornella, Mathieu Bock-Côté de CNews ou encore Cyril Hanouna de C8 – qui pullulent sur les télés françaises, le RN n’a pas réalisé le raz-de-marée annoncé, et se retrouve relégué à la troisième place avec seulement 125 sièges. Loin derrière arrive le parti de droite Les Républicains (LR), avec 39 strapontins.

Arrivé donc en tête, le NFP revendique déjà la formation du gouvernement. Il s’engage à appliquer totalement son programme, mais refuse en même temps de s’allier avec qui que ce soit. Question : comment va-t-il procéder pour faire adopter les lois, son programme de gouvernement, ou encore le budget, dans une assemblée où il ne détient, pour ainsi dire, que 30,8% ?

Plusieurs leaders – l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, le Haut-commissaire au Plan François Bayrou – ont lancé des appels pour la formation d’un gouvernement de toutes les ‘‘forces républicaines’’ de la gauche, du cendre et de la droite modérée, c’est-à-dire rassemblant le Parti socialiste (60 élus), les écologistes (31), Ensemble (150), Horizons (6), Divers centre (6), UDI (3), LR (39), et Divers droite (27), soit un total de 322 sièges sur 577 (55,8% de l’assemblée nationale). Mais ce genre de négociations sont coutumières en Belgique, jamais dans la France de la 5ème République. C’est pourtant la dernière possibilité de doter la France d’un gouvernement plus ou moins stable. Mais rien n’indique que les dirigeants de ces différentes forces politiques sont prêts au dépassement nécessaire pour permettre la mise en place d’une telle majorité.

Les jours à venir seront cruciaux pour l’avenir de la France.

Belhar MBUYI