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Julien Paluku, le bras séculier de Félix Tshiskedi pour capter une bonne part des 200 milliards USD des fonds en faveur de la RDC

Il pleut des milliards sur l’Afrique ! Dans un monde où la recherche des financements est une tâche ardue, le continent semble vivre son âge d’or. D’abord, le 13 août 2022, c’est depuis Dakar que Mme Ursula Von der Leyen, présidente de la commission européenne, a annoncé que l’Union européenne allait devoir investir 150 milliards d’euros, soit l’équivalent de 162 milliards de dollars, sur le continent africain. Ensuite, le 5 septembre 2024, c’est au tour du président chinois Xi Jimping de faire état de la volonté de son pays d’arroser l’Afrique avec 50 milliards USD. Au total : un pactole de plus de 212 milliards USD. Mais il ne s’agira pas d’une manne à se partager équitablement. C’est à qui saura attirer le plus de financements annoncés. En RDC, Félix Tshisekedi l’a si bien compris qu’il a mis en place une Task Force en vue de capter le maximum de ces fonds pour la reconstruction du pays. En misant sur une personne ressource : Julien Paluku Kahongya, qui marque, décidément, son passage au gouvernement d’une empreinte indélébile.

Le plan d’investissement de 150 milliards d’euros pour l’Afrique a été dévoilé par la présidente de la commission européenne, Ursula Von der Leyen sur la terre africaine du Sénégal. Il s’agit du tout premier plan régional sous Global Gateway, et il sera porté par l’Europe et mis en œuvre en partenariat avec les pays africains. De l’autre côté, le plan d’investissement chinois vise à renforcer les échanges en infrastructures et commerce entre le géant asiatique, deuxième économie mondiale, et l’Afrique. Il appartient donc aux différents pays du continent de prouver leurs capacités d’absorption de ces investissements en présentant des projets bancables de qualité.

Félix Tshisekedi, qui tient à faire profiter son pays d’une part notable de ces financements, a ainsi décidé, lors du conseil des ministres du lundi 9 septembre 2024, la désignation de Jean-Pierre Bemba, VPM et ministre des Transports, et Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, pour piloter une Task Force gouvernementale de mobilisation des financements chinois annoncés dans divers domaines clés de coopération développement vital pour un total de plus de 50 milliards USD.

Parcours normal pour homme d’Etat

Et, à l’issue du 19ième Conseil des ministres tenue vendredi 25 octobre 2024 à Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, le Président de la République, Félix Tshisekedi a désigné Julien Paluku pour coordonner la «Task force spéciale» sur l’attractivité des investissements européens en République démocratique du Congo. «Dans le but de capter ces ressources, le président de la République a engagé le ministre du commerce extérieur sous la supervision de la Première ministre à mettre immédiatement en place une Task force spéciale en réponse à cette offre de Global Gateway et sur l’attractivité économique des investissements européens», a-t-on lu dans le compte-rendu du gouvernement lu par Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. M. Muyaya a souligné que l’Union européenne a réaffirmé la disponibilité des fonds à la hauteur de 150 milliards d’euros destinés aux projets sur le continent africain au nombre desquels figure le projet du corridor de Lubito.

Cette Task Force, a indiqué le porte-parole de l’exécutif national, sera composée des experts de la présidence de la République, de la primature, du ministère de l’économie, du Plan, des Affaires étrangères, des Infrastructures, des Finances ainsi que des partenaires privés et des experts tant nationaux qu’internationaux.

Alors, pourquoi le chef de l’Etat congolais a-t-il porté son choix sur Julien Paluku Kahongya ?, se demandent de nombreux analystes. Il faut dire que l’ancien gouverneur du Nord Kivu est l’un des ministres qui ont un parcours normal pour un homme d’Etat dans un pays démocratique sérieux, parcours commencé au bas de l’échelle : maire de la ville de Beni, maire de la ville de Butembo, député provincial, gouverneur du Nord Kivu, député national, et ministre du gouvernement central. Une solide expérience qui fait de lui un homme qui ne tâtonne pas et qui, bien au contraire, a une vision claire des missions qu’on lui assigne dans chaque ministère où il est nommé.

Au ministère de l’Industrie, c’est lui qui a élaboré et fait adopter par le gouvernement le plan directeur d’industrialisation (estimé à 58 milliards de dollars à l’horizon 2040), dont l’une des six composantes est la création des six zones économiques spéciales. Ces zones économiques sont prévues à Maluku et Kin Malebo à Kinshasa, essentiellement consacrées à l’exploitation à 80% du bois Congolais ; une à Miluna, à l’Equateur, essentiellement agricole où on va transformer tous les produits issus du cacao et du palmier ; une au Katanga, essentiellement minière et consacrée à la transformation des minerais dont le cobalt, le manganèse, le lithium ; et une autre à Musienene, au Nord-Kivu, essentiellement agricole pour transformer tous les produits de l’Est.

Ses résultats plaident en sa faveur

Bien qu’en phase expérimentale, les résultats ne se sont pas faits attendre : en 2022, c’est Julien Paluku lui-même qui inaugure l’entreprise de fabrication des câbles électriques, Cabelec-Proton, à Kinshasa. Une année plus tard, en 2023, c’est au tour du président Félix Tshisekedi de lancer le processus de production de l’entreprise Saphir Ceramics qui a ouvert ses portes à Maluku et qui produit des carreaux et faïences made in Congo, avec un investissement de 100 millions de dollars, et un personnel de 6.000 travailleurs. Toujours en 2023, c’est Julien Paluku qui inaugurait l’usine de production des câbles électriques de l’entreprise Mining Engineering Service (MES) à Lubumbashi. En 2024, c’est Pepsi-Cola qui renoue avec la RDC en ouvrant une usine de production des limonades à Kinshasa/Maluku suite à un processus lancé par Julien Maluku.  

C’est donc cet homme dont les résultats plaident en sa faveur que le président congolais a désigner pour capter la part qui revient à la RDC dans les financements promis à l’international. Nommé au Commerce extérieur au sein du gouvernement Suminwa, il mène une diplomatie agissante sur le plan commercial. «Julien Paluku sait attirer l’intérêt des bonzes de la finance sur son pays», assure un observateur. Une qualité qui n’a pas laissé indifférent le chef de l’État congolais, Félix Antoine Tshisekedi.

Des sources indiquent que l’homme d’état congolais a déjà mis en place une structuration adéquate pour réfléchir sur les mécanismes qui permettront à la RDC de mieux se positionner face à cette opportunité qu’offre le projet d’initiative Global Gateway ; de réfléchir sur les solutions à mettre en place face aux obstacles actuels en investissement et de faire des propositions idoines et efficaces en lien direct avec des initiatives qui sont déjà en cours. Objectif : capter conséquemment des fonds chinois et européens afin de booster l’élan de développement de la RDC.

Mbuta MAKIESSE