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Gouvernance des provinces : Wina Lokondo dénonce ‘‘la vacuité idéologique et intellectuelle’’ de Félix Tshisekedi et des dirigeants de l’UDPS

Le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani Lukoo était l’invité de la dernière grand-messe de communication gouvernementale organisée par son collègue de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Visiblement cueilli à froid par une question de notre confrère Peter Tiani sur les difficultés constitutionnelles qui l’empêcheraient de faire son travail au quotidien, M. Shabani, pris au dépourvu, a péniblement cherché quoi donner comme réponse, avant de se retrancher derrière des prétendues prérogatives qu’il aurait de ‘‘garantir la stabilité des provinces’’, un ‘‘exercice qu’on fait au niveau du ministère de l’Intérieur en interaction avec les assemblées provinciales et les gouverneurs des provinces’’. Avant de poursuivre : «Tel que l’assemblage constitutionnel est fait, les assemblées provinciales sont à la base de l’instabilité de nos provinces à travers leurs prérogatives de contrôle qui apparaissent comme des prérogatives d’instabilité, et cela ressort de notre constitution d’aujourd’hui. Alors, si on peut améliorer cela en revisitant la constitution, il n’y a aucun mal». Des propos qui ont fait bondir Wina Lokondo. «Le “désordre” dans les provinces est tout simplement un échec de plus, une incapacité politique de Félix Tshisekedi à gérer le pays. Ce n’est nullement, ici aussi, un problème de texte, de Constitution. C’est un problème d’acteurs, de politiciens sans culture politique», écrit-il dans une tribune au vitriol dont il nous a réservé copie, et que nous publions intégralement ci-dessous.

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ILS ONT TOUT FAUX…

Si on retire aux Assemblées provinciales leurs prérogatives d’élire les gouverneurs, d’approuver les programmes de gouvernements provinciaux et de contrôler les actions de ces derniers – ce que l’article 220 interdit (“Il est formellement interdit de réduire les prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées”) -, que deviennent-elles alors ? Quel sens aura dès lors l’expression “État unitaire FORTEMENT décentralisé” ? Conçoit-on une “forte décentralisation” sans institutions provinciales délibérantes ? 

L’UDPS est, par ses statuts, un parti fédéraliste. Imagine-t-on  des “petits États fédéraux” sans Assemblées disposant des pouvoirs de contrôle sur les gouvernements locaux ? Tshisekedi, Kabuya et autres dirigeants de l’Udps devraient commencer par “changer” leurs propres statuts parce que, on le constate, ils ne s’y réfèrent pas ou, visiblement, n’en connaissent pas le contenu. Leur vacuité idéologique et intellectuelle est inquiétante. 

Le gouvernement français vient de tomber suite à une motion de censure votée à l’Assemblée nationale. Doit-on pour autant changer la Constitution française, retirer à l’Assemblée nationale son pouvoir d’approbation du programme et de l’action du gouvernement pour ainsi permettre à ce dernier d’exister, de fonctionner ?

Le problème dans les rapports entre Assemblées et gouvernements provinciaux relève de l’inculture politique et de la vénalité de leurs animateurs respectifs. Et aussi, et surtout, de déficit de leadership au niveau national, de l’incapacité du président de la République à régenter ses différentes majorités dont il dispose pourtant dans toutes les provinces ! L’indiscipline des députés de la majorité présidentielle (Union sacrée) peut être “gérée” de diverses façons. Leur cupidité aussi : les lois qui répriment la corruption (active ou passive) existent. L’ANR et la Justice peuvent bien aider à modérer les dérapages politiques, à “discipliner” les députés fauteurs des troubles – comme elles le font pour faire taire les opposants. Le “désordre” dans les provinces est tout simplement un échec de plus, une incapacité politique de Félix Tshisekedi à gérer le pays. Ce n’est nullement, ici aussi, un problème de texte, de Constitution. C’est un problème d’acteurs, de politiciens sans culture politique. 

Wina LOKONDO, Analyste et acteur politique