A LA UNE Entre loyauté et intrigues politiques : le calvaire silencieux de Fortunat Biselele

Entre loyauté et intrigues politiques : le calvaire silencieux de Fortunat Biselele

Victime des coups tordus de certains bonzes du pouvoir, persécuté par ses ennemis, l’ancien conseiller privé du chef de l’Etat est resté loyal à Félix Tshisekedi. Le nom de Fortunat Biselele, longtemps murmuré dans les couloirs du pouvoir congolais, est aujourd’hui synonyme de loyauté trahie, d’acharnement politique et de résilience silencieuse. Ancien bras droit du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, cet homme au profil discret mais influent est devenu la cible d’une série de manœuvres politico-judiciaires savamment orchestrées par certains cercles du pouvoir.

Un fidèle parmi les fidèles du chef de l’État

Depuis les premières heures du régime Tshisekedi, Fortunat Biselele, surnommé affectueusement “Bifort” dans l’entourage présidentiel, a toujours incarné la confiance, la proximité et la loyauté. Conseiller stratégique, diplomate de l’ombre, il a accompagné le président dans les moments charnières, jouant souvent un rôle de médiateur entre les différents pôles d’influence.

Mais cette loyauté, si précieuse dans les temps calmes, s’est transformée en cible à abattre lorsque la scène politique s’est tendue, et que des rivalités internes ont pris le dessus sur la cohésion.

L’homme à abattre : le conflit avec Corneille Nangaa

À l’origine de la cabale qui s’est abattue sur lui, un épisode déterminant.
Lorsque Corneille Nangaa, alors président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), se retrouve impliqué dans un litige autour d’actifs miniers, c’est Fortunat Biselele qui, en tant que conseiller privé du président, joue un rôle décisif dans la dépossession de ces mines. Une décision prise dans le strict cadre de la légalité, mais vécue par Nangaa comme une humiliation.

Depuis, les relations entre les deux hommes se sont transformées en haine ouverte. Aujourd’hui, Corneille Nangaa, devenu le coordinateur politique de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et allié du mouvement rebelle M23, nourrit une rancune tenace.
Selon plusieurs sources sécuritaires, les biens de Biselele – fermes, plantations et immeubles situés dans les zones sous contrôle du M23 – auraient été confisqués, comme une vengeance directe.

Ironie tragique : celui qui a combattu le M23 et qui a payé le prix fort de son opposition au groupe rebelle est désormais accusé, dans certains milieux politiques, de collusion avec Kigali.

L’arrestation : un coup tordu venu de l’intérieur

Début 2023, Biselele est arrêté par l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). L’accusation – atteinte à la sûreté de l’État et connivence avec des puissances étrangères – repose sur des éléments fragiles, voire inexistants.
Son incarcération à la prison de Makala choque l’opinion, tant l’homme avait été un artisan discret de la stabilité politique et de la communication présidentielle.

Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que cette arrestation n’était pas tant motivée par un souci de sécurité nationale que par une lutte interne pour le contrôle de l’influence présidentielle.
Autrement dit, certains “durs” de l’entourage du chef de l’État, craignant le retour en grâce d’un homme charismatique et trop proche du président, auraient œuvré pour le neutraliser.

Un procès politique, une innocence reconnue

Quelques mois plus tard, après un procès où les accusations s’effondrent une à une, Fortunat Biselele est acquitté par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe.
La justice congolaise reconnaît alors ce que beaucoup soupçonnaient : aucune preuve tangible ne liait Biselele à Kigali ni au M23.

L’homme sort de prison affaibli, certes, mais pas brisé. Et surtout, fidèle à son engagement envers Félix Tshisekedi. Là où beaucoup auraient choisi la rupture, lui a choisi la loyauté.

« La fidélité n’est pas une stratégie, c’est une conviction », confie-t-il à un proche après sa libération.

Une victime collatérale du jeu des ambitions

Malgré son acquittement, Biselele reste marginalisé. Les “faucons” du système continuent à l’écarter des cercles décisionnels, craignant son influence, son intelligence politique, et surtout sa proximité avec le chef de l’État.
Pourtant, aucune parole publique de sa part n’a jamais remis en cause l’autorité ou la légitimité du président Tshisekedi.

À l’inverse, il persiste à défendre la vision du “Congo des valeurs”, plaidant pour la vision du chef de l’Etat pour une gouvernance plus apaisée et plus cohérente.

Mais ses ennemis ne désarment pas. Des campagnes anonymes sur les réseaux sociaux, des insinuations médiatiques, et de nouvelles rumeurs cherchent périodiquement à ternir son image, à l’isoler, voire à le discréditer auprès du président.

L’homme qui dérange

Pourquoi tant d’acharnement ? Parce que Fortunat Biselele représente ce que beaucoup redoutent : un homme de réseau, loyal mais indépendant, capable de parler au président sans passer par les filtres des clans. Il incarne une forme de liberté politique et d’engagement sincère dans un environnement saturé de calculs.

Son cas illustre une constante du pouvoir congolais : la fidélité y est souvent suspecte, et la loyauté sans faille peut devenir un crime politique.

Le symbole d’une fidélité rare

Aujourd’hui encore, Fortunat Biselele vit loin des projecteurs, entre Kinshasa et sa ferme de Kasangulu, mais sans jamais rompre le lien avec le chef de l’État.
Il demeure, pour beaucoup d’observateurs, un symbole de résilience et de loyauté silencieuse.

Il a perdu ses biens, sa position, et même sa liberté pendant un temps, mais il n’a jamais perdu sa foi dans le président Félix Tshisekedi ni son attachement à la République.

En cela, il rappelle ces personnages qui, dans les coulisses du pouvoir, paient le prix fort de leur fidélité — mais dont le temps finit toujours par révéler la vérité.

B.M.