L’expression est de Lambert Mende Omalanga, suite à son arrestation en mai 2019 pour une ténébreuse affaire de diamant confisqué dont il était accusé. Ce sont les mêmes abus dont a été victime l’opposant Delly Sesanga Hipungu dja Kaseng Kapitu, président du parti Envol, lors de la marche du collectif qui milite contre la révision constitutionnelle ou le changement de constitution. Plusieurs vidéos devenues virales sur les réseaux montrant l’interpellation avec des brutalités spectaculaires, ont choqué l’opinion.
Et les réactions ne se sont pas attendre. Premier à réagir, Moïse Katumbi, qui stipule que «la défense de notre constitution est désormais criminalisée. L’interpellation de Delly Sesanga constitue une étape supplémentaire alarmante dans la dérive totalitaire du pouvoir», écrit-il sur sa page Twitter. Avant d’ajouter : «persécuter les opposants pour changer la constitution en vue de conserver le pouvoir est une erreur tragiqu, qui emporte toutes les dictatures».
Martin Fayulu n’en pense pas moins. Dans un post sur son compte Twitter, il «condamne avec la plus grande fermeté l’interpellation brutale de Delly Sesanga, Aena Tokwaulu et d’autres patriotes qui ont manifesté pacifiquement ce jeudi 14 novembre contre le changement de la Constitution. Les violences et les abus auxquels ils ont été soumis sont inacceptables et indignes d’un État de droit».
Et de poursuivre : «J’en appelle au Pasteur Roland Dalo pour rappeler à Félix Tshisekedi que l’orgueil et l’arrogance mènent inévitablement à la chute. Il accomplit actuellement son second et dernier mandat frauduleux. Cela suffit ! Qu’il cesse de jouer avec le feu, car d’autres, en Afrique, en ont payé le prix fort».
Liberté d’expression
Des observateurs ont rappelé l’image d’Etienne Tshisekedi arrêté, en janvier 1988 pour avoir essayé d’organiser un meeting sur la place pont Cabu, par des gendarmes sous le régime Mobutu, tenu par la ceinture du pantalon et traîné à la Cour de sureté de l’Etat dans le bâtiment actuel de l’Assanef sur l’avenue de la Liberation à Kinshasa/Gombe. Trente-six ans plus tard, l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, est au pouvoir. «Ce sont les mêmes pratiques de répression brutale d’opposants que nous avons déplorées sous Mobutu qui continuent», déplore un confrère.
Etienne Tshisekedi traîné avec brutalité à la Cour de sureté de l’Etat en janvier 1988.|Photo : Droits tiers
Finalement, le chef de l’Etat en personne a condamné la brutalité avec laquelle Delly Sesanga a été interpellé. «Depuis le 14 novembre 2024, une vidéo devenue virale sur la toile montre des policiers se saisir de manière peu recommandable de l’acteur politique Delly Sesanga. Des informations parvenues au Président de la République font état d’une interpellation de ce dernier lors d’une activité de sensibilisation contre la révision ou le changement de la Constitution», a indiqué Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, dans le compte-rendu de la réunion du conseil des ministres. Ajoutant que le chef de l’Etat «a rappelé qu’au terme de l’article 23 de la Constitution : toute personne a le droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs».
«Peu importe le motif de l’interpellation de cet acteur politique, la méthode utilisée par les éléments de la police pour le conduire à leur poste ne devrait nullement s’apparenter à des voies de fait traduites par une brutalité que je déplore et condamne. Dès lors, indépendamment des mesures déjà préconisées à l’encontre des policiers auteurs de la bavure décriée, le Président de la République a engagé le VPM, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, à prendre des dispositions préventives nécessaires quant à l’encadrement des manifestations publiques afin que pareils dérapages ne se reproduisent plus dans le rang de la police nationale congolaise», rapporte le compte rendu de la réunion lu par le porte-parole du gouvernement.
Se basant sur les dispositions de l’article 23 de la Constitution, Félix Tshisekedi a précisé que la Constitution garantit à toute personne le droit à la liberté d’expression.
Rica MITSH