Il aura été la révélation du premier mandat de Félix Tshisekedi à la présidence de la République. Jules Alingete Key, économiste formé à l’Université de Kinshasa, expert-comptable agréé et spécialiste de la fiscalité, a donné ses lettres de noblesse à une inspection générale créée en 1987, mais qui ne servait, pour ainsi dire, à rien pendant toutes ces années. Avec ses contrôles rigoureux, sa patrouille financière et ses contrôles des dépenses des entreprises publiques en amont, l’IGF a réussi à réduire drastiquement les détournements des deniers publics dans le pays. Résultats de courses : le budget de l’Etat a doublé en à peine quatre ans. Depuis New York où il participait à la 78ème assemblée générale de l’ONU, Félix Tshisekedi lui a rendu un vibrant hommage.
«Un homme très brillant». Ces propos du chef de l’Etat congolais tenus depuis New York ont sonné comme la marque de reconnaissance suprême pour Jules Alingete Key, homme à la fois affable et rigoureux. Evoquant la revisitassion des contrats chinois, le président congolais a déclaré : «Permettez-moi de ne pas parler ici de ces contrats entre la République Démocratique du Congo et les entreprises chinoises parce que je n’ai jamais fait partie des négociations. Mais, j’avais tracé une ligne qui montre les principes que je défends. C’est-à-dire nous voulons un partenariat qui soit gagnant-gagnant, win-win. Jusqu’ici, nous avons constaté, et je ne suis pas le seul à le dire, je parle de l’Inspection générale des finances, qui est tenue et dirigée par un homme très brillant, Jules Alingete, pour ne pas le citer, qui a fait le constat que, depuis que nous avons contracté cette entente avec les Chinois, les entreprises chinoises ont gagné près de 10 milliards de dollars et la RDC même pas 1 milliard. C’est vraiment disproportionné comme partenariat et il fallait donc le rééquilibrer».
Traquer les détourneurs
Après ce constat, Félix Tshisekedi a donné sa conception de l’avenir de cette relation entre les deux pays : «Récemment, j’ai effectué un voyage en Chine où nous en avons parlé. Nous avons été heureux de constater que nos partenaires chinois étaient disposés à nous écouter et ont compris que la RDC avait raison de regarder les choses de cette manière. Ils ont fait un constat malheureux que, jusque-là et malheureusement, avant nous, il n’y avait pas ce genre de considération. Donc ce n’était pas à eux de faire le travail de la RDC à la place des Congolais. Voilà pourquoi ils ont été enthousiasmés par la proposition de la RDC de revoir ce partenariat dans le but de faire gagner aussi la République Démocratique du Congo. Et nous sommes repartis dans une nouvelle aventure, cette fois-ci pour ne pas laisser un des partenaires frustré», a-t-il renchéri.
Depuis sa nomination à la tête de l’Inspection générale des finances en 2020, Jules Alingete Key a su donner à cette institution de contrôle sa véritable importance et vrai rôle qui lui ont fait défaut depuis sa création 33 ans durant. Très vite, il est devenu le bras séculier du président de la République pour la bonne gouvernance, en traquant tous les détourneurs de l’argent public sans tenir compte de leur appartenance partisane ni même de leur positionnement au cœur du pouvoir politique.
Mais une de ses meilleures contributions à la bonne marche économique du pays demeure ces contrôles en amont de la dépense publique car ils initient les différents cadres financiers de l’administration publique et des entreprises de l’Etat à une saine gouvernance qui, au fil des jours, finira par s’imposer comme une nouvelle tradition dans le pays.
Ce travail fait du patron de l’IGF l’une des rares personnalités qui fait consensus auprès des Congolais au-delà de leurs obédiences politiques. Applaudi dans son pays, Jules Alingete est également salué à l’étranger où il a obtenu plusieurs distinctions, à l’image du prestigieux prix du magazine américain Forbes International. De même, il a reçu de nombreuses invitations au parlement belge, au parlement européen, au Cameroun et, tout récemment, en Afrique du Sud où il est allé expliquer l’expérience congolaise en matière de gouvernance responsable.
Belhar MBUYI







